Je ne peux pas oublier, je ne veux pas oublier. Pour quoi faire ? C'était une parenthèse que je ne renierai pas. J'ai passé une très agréable soirée avec toi. Tu as failli m'embrasser, ça arrive. Tu ne l'as finalement pas fait, ça arrive aussi. Et oui, j'en avais envie parce que dès l'instant où tu as relevé la tête jusqu'au moment où tu as disparu derrière la porte, ma parenthèse n'en a été que plus douce. Je ne te reproche rien, au contraire je te remercie pour cette soirée, ce moment d'insouciance. C'est une chose qui arrive à des milliers de gens partout dans le monde, j'aurais très bien pu faire la même chose.
Je l'adore et je dois mettre toutes les chances de mon côté pour qu'elle accepte de partir. Ça me brise le cœur de devoir faire ça, mais je sais qu'au fond d'elle, elle en a envie. Je ne veux pas la retenir et être la personne qui l'empêche d'avancer sous prétexte que ma vie s'est écroulée du jour au lendemain.
Rompre le silence pour changer de sujet fera peut-être diversion...
Je suis lâche, c'est vrai. Faire l'autruche ou prendre la fuite est nettement plus confortable que de me retrouver assise sur ce divan. Encore une fois, sentir ses yeux sur moi, à attendre des mots qui ne me viennent pas et qui ne viendront peut-être jamais. Et si j'étais un cas désespéré et qu'il ne s'en rendait pas compte ? Je préfère ne pas lui souffler l'idée, il serait encore capable de me proposer un plan foireux comme une séance avec un confrère pour un second avis sur mon "cas".
J'ai toujours cru au sexe en deux temps, surtout pour les mecs. L'amour, destiné à la personne aimée et la baise comme un instinct primitif, bestial, nécessaire et hors sentiments.
Je ne fais pas partie de cette catégorie, je peux faire l'amour et j'aime aussi la baise, mais cette dernière ne m'amuse et m'excite que pour pimenter ma relation avec mon partenaire, celui qui sait aussi me faire l'amour. Et soudain, la réalité me frappe parce qu'avec lui je pourrais tout faire.
Les jours passent et se ressemblent presque. Au fond, il se passe tellement de choses et à la fois tellement rien que je m'y perds. Voilà, je me perds dans ma vie pleine de vide, comme moi. Je déteins sur ma vie ou ma vie est devenue à mon image, au choix. Rien qu'à cette pensée, j'ai l'impression d'être un livre ouvert. Surplombée d'un néon lumineux afin que la face du monde puisse constater que je suis faite de rien.
Il vivait un chagrin d'amour. J'imagine qu'il ne doit pas avoir envie d'en parler. Chacun de nous a perdu quelque chose et en souffre, c'est peut-être ce qui nous rapproche, qui fait que nous avons ce lien. Ou peut-être qu'il s'en fiche complètement de me connaître et à cette pensée mon cœur se serre.
À quoi bon vouloir être jolie lorsqu'on se sait abîmée. Je ne veux pas faire de publicité mensongère. Je ne veux pas faire semblant de pouvoir plaire.
La pire chose qui pouvait arriver. Je savais que je tomberais amoureuse un jour. Que cet amour serait impossible. Que je ne m'autoriserai jamais à imposer, à la personne que j'aimerais plus que tout, ce que je dois subir moi-même chaque jour. Je pourrais vivre avec ça. J'étais préparée. Mais pas à ce qu'il le sache. Tout, préparée à tout, mais pas à ça.
Juste bien. Ce bien est un état que je n'avais plus ressenti depuis... avant. Un "bien" que chacun ressent chaque jour sans même s'apercevoir que c'est une chance, une émotion importante qui pourrait me suffire toute une vie. Loin de la peine, de la douleur, de la colère et de la rage.