La lettre de rétractation d'Emilie appartient d'ailleurs à un genre littéraire que les magistrats ont en horreur. En effet, ces quelques lignes suggèrent une chose absolument insupportable: la justice a pu se tromper. Du coup, personne n'est vraiment pressé de s'occuper de cette missive dont l'encre tache les réputations. On la range soigneusement dans le quinzième tiroir de la vingt-deuxième armoire du treizième étage du palais, c'est-à-dire à un endroit où elle ne risque pas de faire trop de remue-ménage... La situation est déconcertante car la parole de cette gamine, qui avait été sacralisée pendant de nombreuses années, n'a tout à coup plus aucune valeur. Quand elle accusait Loïc Sécher, on considérait sa fragilité psychologique comme la conséquence des agressions. Aujourd'hui, sa détresse mentale devient le motif de ses égarements.