Louis Dermont

Confiance. Les phrases qui faisaient plaisir à entendre contenaient ce mot. Peut être étais-je trop naïf ? Peut-être mon entourage me dupait ? Peut-être mes jours m’étaient-ils comptés ? Sans doute. Pourtant, mon objectif restait le même. Chasser le crime. Rester en vie. Je ne m’étais jamais réellement posé de questions à ce sujet. J’estimais qu’on vivait pour un but. Celui-là était le mien. Souvent, je me disais que j’aurais pu fuir, tenté par la corruption. Mais choisir le camp des gagnants n’est pas drôle. Je n’en donnais jamais l’impression mais j’aimais la difficulté, bien qu’elle me pousse à bout souvent trop rapidement. Que serait la vie sans se poser des challenges ? J’avais choisi ce défi, et je l’aimais. J’attendais avec impatience le forum du jour.

La richesse de notre alliance résidait dans notre capacité à se compléter au forum. Nous étions se la même longueur d’onde. Bien sur, nous étions plus à vouloir s’effacer dans l’ombre. Ne pas être un de ces visages connus. Et reconnus.

Il y a encore quelques mois, c’était un bel endroit. Ce n’était pas une de ces places de quartier où se déroulait un marché vivant toutes les semaines. C’était juste un endroit calme et doux, où les gens aimaient à venir se détendre. Nous avions banni cette douceur, remplacée par ce qui était très proche d’un gigantesque échafaud du XVIIIème siècle. Une place publique où l’on exécutait. Et pourquoi un choix aussi archaïque ? Il ne fallait pas chercher bien loin. C’était la peur, tout bêtement. Le rationnel avait foutu le camp. On voulait nous montrer que la justice de la place publique valait cent fois celle d’un tribunal.

Enfin, nous ne sommes pas sans dire qu’il se pourrait que, parmi nous, il y ait des taupes. La Mafia est partout et ceux qui la soutiennent aussi. Il serait rassurant de se savoir en sécurité avant de dénoncer qui que ce soit.

Les idées, les soupçons et les hypothèses fusaient d’un côté à l’autre de l’assemblée. C’était un peu comme assister à un match. Un match mortel où la discorde régnait, et dont personne n’était capable de prévoir l’issue.

La nuit profite aux criminels : les pillages sont discrets et les meurtres silencieux. Pas de taches, pas de traces. Pas de cris, non plus. Juste le néant obscur. Même la justice peut espérer découvrir des secrets.

C’est pour ça qu’on exécute des gens en place publique. Justement pour ne pas à avoir à le faire dans l’ombre et dans le dos de tout le monde.

Tout ce qui allait se dire était à double tranchant. Il fallait peser ses mots et ses découvertes avant de les jeter sur la place publique.