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Citation de Le_Raconteur


[Mon père] me félicitait longuement pour ma bravoure. Il m’étonnait alors sérieusement avec la bravoure. Il savait pas ce que c’était, ni moi non plus. En somme il m’inquiétait. J’avais beau me trouver en train de dissoudre dans une putain de mélasse, pas même très croyable tellement c’était fadé, cependant les lettres de mon père retenaient mon attention, tout au fond, pour le ton. Même si on n’avait plus que dix minutes à vivre on chercherait encore de l’émoi tendre d’antan. Dans les lettres de mon père y avait toute ma garce de jeunesse qu’était morte. Je regrettais rien, c’était qu’un fumier puant, anxieux, une horreur, mais c’était quand même mon petit passé de môme pourri qu’il cernait sur les cartes censure, avec des phrases bien équilibrées et bien faites.

D’où que je me trouvais j’aurais bien voulu, question de crever, avoir pour y passer une musique plus à moi, plus vivante. Le plus cruel de toute cette dégueulasserie c’est que je l’aimais pas la musique des phrases à mon père. Mort, je me serais relevé je crois pour lui dégueuler sur ses phrases. On se refait pas. Pousser son couic encore ça peut se faire, c’est tout ce qui précède qui vous épuise la poésie, toutes les charcuteries, les baveries, les torturations qui précèdent le hoquet du bout. Faut être donc ou bien bref ou bien riche. Quand la L’Espinasse venait me peloter à la nuit j’ai bien failli lui pleurer dans les bras par deux fois. Je me suis retenu. C’était de la faute à mon père avec ses cartes. Parce que d’avance je peux m’en vanter, tout seul je suis plutôt courageux.
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