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Citation de Woland


Woland
27 septembre 2015
[...] ... C'était le brigadier Le Meheu qui tenait le fond du corps de garde, les coudes sur la table, contre l'abat-jour. Il ronflait. Je lui voyais au loin les petites moustaches aux reflets de la veilleuse. Son casque lui cachait le yeux. Le poids lui faisait crouler la tête ... Il relevait encore ... Il se défendait du roupillon ... L'heure venait juste de sonner ...

J'avais attendu devant la grille longtemps. Une grille qui faisait réfléchir, une de ces fonts vraiment géantes, une treille terrible de lances dressés comme ça en plein noir.

L'ordre de route, je l'avais dans la main ... L'heure était dessus, écrite.

Le factionnaire de la guérite il avait poussé lui-même le portillon avec sa crosse. Il avait prévenu l'intérieur.

- "Brigadier ! C'est l'engagé !

- Qu'il entre ce con-là !"

Ils étaient bien une vingtaine vautrés dans la paille du bat-flanc. Ils se sont secoués, ils ont grogné. Le factionnaire il émergeait juste à peine, le bout des oreilles de son engonçage de manteaux ... ébouriffé de pèlerines comme un nuage artichaut ... et puis jusqu'aux pavés encore pleins de volants ... une crinoline de godets. J'ai bien remarqué les pavés plus gros que des têtes, presque à marcher entre ...

On est entrés dans la tanière. Ca cognait à défaillir les hommes de la garde. Ca vous fonçait comme odeur dans le fond des narines à vous renverser les esprits. Ca vous faisait flairer tout de travers tellement c'était fort et âcre ... La viande, la pisse, la chique et la vesse que ça cognait, à toute violence, et puis le café triste refroidi et puis un goût de crottin et puis encore quelque chose de fade comme du rat crevé plein les coins. Ca vous tournait sur les poumons à pas terminer son souffle. Mais l'autre accroupi à la lampe il m'a pas laissé réfléchir :

- "Dis donc l'enflure, tu veux mes pompes pour te faire bouger ? ... Passe-moi ton nom ! ... ta nature ! ... Tu veux pas t'inscrire tout seul ? ... Veux-tu que j't'envoye une berouette ? ..." ... [...]
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