Une solide armature centrale avait valu jadis à Rome la maîtrise de tout le bassin de la Méditerranée ; ce fut, au contraire, par le libre jeu de forces en apparence inorganiques que l’Europe médiévale, au début du moins, put s’affirmer comme la future souveraine du monde. L’Europe de la première croisade, l’Europe des premières grandes guerres victorieuses d’Espagne, d’Italie et de Sicile n’est ni l’Europe des empereurs allemands ni celle des empereurs byzantins, mais l’Europe féodale, fruit de l’anarchie et de la ruine des États.