Les toiles qu’on ne peut acheter, on les fait copier. Tous les amateurs qui ont voyagé dans le Nord et en Angleterre, Hautenve, Liancourt, etc., reviennent fervents admirateurs de Rubens. Les curieux commencent à dédaigner les peintures de l’école bolonaise et achètent des « magots » de Téniers, des fleurs de Zeghers ou même des « intérieurs » de petits Hollandais. En 1670, la collection Jabach tout entière est entrée dans les galeries du roi. En 1684, le roi envoie Blanchard dans les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies pour acquérir les plus belles œuvres. La collection Grozat, si riche en œuvres flamandes, se forme. L’Académie a beau gronder contre ces amateurs, qui s'affranchissent des théories académiques : l’influence de ces galeries, riches de peintures flamandes, transforme le goût public, éclaire les vocations des coloristes ; c’est là que s’instruiront beaucoup de peintres du XVIIIe siècle, bien plus que dans les ateliers de l’Académie. Et ces toiles flamandes ne sont plus les petits tableaux, qui, au commencement du siècle, se montraient modestement à la foire Saint-Germain ; ce sont des chefs-d’œuvre, placés par l’admiration publique à côté des plus belles peintures italiennes, et dont la vue suffit à dénoncer aux yeux des connaisseurs les lacunes de l’enseignement académique.