Il fallait être un lépreux, objet d'horreur et de dégoût pour ses semblables, ou un grand criminel fuyant les châtiments de la justice humaine, ou un saint anachorète animé de cette foi religieuse,de cette croyance évangélique des Pères de l' Église, pour concevoir seulement la pensée de passer sa vie dans ce lieu.
Telles sont les réflexions qui viennent à l'esprit de tout homme qui pour la première fois se trouve en vue de Saint-Claude.
Le satirique a le ricanement facile ; il a aussi la saillie un peu acre qui déchaîne le rire. Lermontov était, paraît-il, souvent très gai en société. Assurément il ne pouvait pas toujours garder l'air sombre et fatal. Etait-ce chez lui gaieté franche ? On a vu qu'il aimait à se moquer des autres et de lui-même. Cette gaieté semble bien plutôt avoir tenu du ricanement obstiné du bossu (il l'était presque) que du rire de l'homme sain et jeune. La plaisanterie, fort peu spirituelle, qu'il s'est permise avec Martynov et qui a causé sa mort, a été prolongée bien au delà des limites permises. Les biographes mentionnent de sa part un certain nombre de facéties qui ne prouvaient guère de l'esprit et qui faisaient assurément 'de lui un homme assez désagréable en société ; aussi eut-il beaucoup d'ennemis.