AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Aproposdelivres


- 1013 -
Il ne comprenait pas.
Tout flambait.
Les parchemins flambaient, les boiseries flambaient, les tentures, les poutres, les vases, les pilons, les pinces, les loupes, tous ses précieux instruments, son inestimable bric-à-brac, ses herbes, ses simples, ses liqueurs et même ses pierres, glanées aux confins du monde, tout fondait, crépitait, éclatait dans les mâchoires du brasier.
Une vie entière de sortilèges, une existence vouée aux ensorcellements de la matière et de l'esprit, au rêve du grand oeuvre, des années de labeur et d'inquiétudes, de veilles, de privations, une vie à scruter les signes dans le ciel et dans le vélin des bibliothèques, sa jeunesse enfiévrée par l'étude, par l'espoir, par la quête, toujours recommencée, de la pierre philosophale, son passé, son avenir, tout se tordait dans les flammes.
Il avait été l'un des premiers, le premier, peut-être, à voyager aussi loin pour ramener du bout du monde les textes secrets, sacrés, consacrés à cet art nouveau qu'on appelait «alchimie». Il avait appris la langue arabe et traduit en latin les formules du Kitâb sirr al-Khaliqa, il avait perdu trois orteils, gelés puis pourris de gangrène, quand la glace d'un lac qu'il traversait avait cédé sous son poids. Il les avait tranchés lui-même. Puis il était revenu en boitant jusqu'à Tours, sa ville natale, où il avait résolu de se consacrer à l'étude. Il s'était marié, tout de même, dans l'espoir de transmettre ses connaissances à son fils.
Il restait immobile et ne comprenait pas.
Commenter  J’apprécie          20





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}