Ils sont restés là, l’un contre l’autre, serrés, pour se protéger mutuellement de la fraîcheur humide de la nuit, la tête pointée vers le ciel. Au loin, sur le versant de la colline d’en face, sous la clarté inutile des étoiles de circonstance, le cervidé qui leur avait échappé bramait son amour à distance. Les cerfs ont leurs pudeurs. Madeline se leva la première ; elle laissa glisser la robe blanche légère qu’elle portait par-dessus son jeans gris qu’elle ôta également dans un geste lent et gracieux. Sa silhouette se détacha du ciel clair qui l’entourait, elle ressembla alors à s’y méprendre à une jeune biche. Ses cheveux détachés, soulevés par un vent complice, se rejoignirent de manière mystique pour former des bois qu’elle portait sur la tête comme une couronne. Elle était là, tremblante de désir et de froid, totalement nue, offerte au regard de son amoureux qui ne tarda pas à la rejoindre pour la couvrir d’un manteau de baisers chauds.
Sa mort a été à l’image de sa vie, douce. Elle n’a pas souffert, pas consciemment du moins. Elle est partie dans un rêve de convulsion. Son corps qui ondulait, et ses bras qui se levaient vers moi, semblaient être une invitation à l’enlacer. Quand je l’ai enfin prise dans mes bras, elle ne respirait plus, mais son corps encore chaud me troublait au plus profond de moi. Le souffle l’avait quittée, mais sous l’action du poison, ses muscles se contractaient ; elle me serra contre elle, comme personne ne m’avait serré jusque-là. La mort me tendait les bras que la vie me refusait. De ce jour, j’ai préféré la mort.