La mer jette sur mes sabords
La mer jette sur mes sabords
Des tonnes, des tonnes d’eau sombre.
Une écume en frange les bords,
Subite lumière dans l’ombre.
Cette eau glaciale qui bout,
Cette colère incohérente
Qui porte un nom à chaque bout
N’est ici, neutre, indifférente,
Que l’Océan, trait d’union
Entre de lointaines patries,
Prêt à noyer dans ses furies
Chaque drapeau comme un haillon.
De tous les temps, âge de pierre,
Élément sans cesse bravé
Mais dont nul progrès n’a pu faire
Un nouvel esclave entravé,
La mer, la mer, ce monstre libre,
Je l’écoute, du trou profond
De ma cabine, et mon cœur vibre
D’un désir d’aller par le fond.