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Citation de coco4649


DISTIQUES


Squelette, notre maître à tous,
Maigre captif au fond de nous,

Squelette, constante présence
Qui t'effaces jusqu'à l'absence,

Un domino, ‒ la chair, la peau, ‒
Te couvre de son oripeau,

Sous quoi, de manières discrètes,
Tu ne fais voir que tes arêtes.

Cheville ouvrière, pourtant,
Seul solide, seul important,

Pauvre squelette qu'on libère
Seulement à six pieds sous terre,

Etre muet, aveugle et sourd,
Toi qui ne vois jamais le jour,

La chair orgueilleuse et fantasque
À beau te couvrir de ce masque,

L'apparent rire de tes dents
Révèle le reste en dedans.

Et cependant la chair t'ignore.
Elle te hait, elle t'abhorre !

Parent pauvre écarté du jeu,
Chaste ascète en un mauvais lieu,

Invisible, tu te promènes
Parmi les amours et les haines.

C'est en vain, timide holà,
Que tu dis parfois : « Je suis là ! »

Au dur fantôme qui la hante,
La chair molle, la chair changeante

Répond : « je sens battre mon cœur,
Je vis ! Tais-toi ! Tu me fais peur ! »

Mais va ! Ton élégance blanche
À son heure aura sa revanche,

Car l'usurpatrice, au tombeau,
Cèdera lambeau par lambeau.

Car, lentement, sa pourriture
Délivrera ton armature,

Et, couché dans le dernier lit
Sur l'oreiller du grand oubli,

Toi, sous la pierre délaissée
Dont la date s'est effacée,

Tu crieras du fond de la mort :
« Petit bonhomme vit encore ! »
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