"2710 jours de ma jeunesse" - Teaser.
A présent c'est la guerre. Combien la cruelle catastrophe du 3 septembre 1939 va t-elle m'apporter de journées d'angoisse, de souffrance et de danger ? Combien de deuils pour la France ?
Un prisonnier, c'est un esclave, un chien.
Je n'ai pas tiré une seule cartouche, une seule balle pendant toute la guerre. Je suis heureux d'être sain et sauf, c'est pour moi le principal et l'espoir renaît en moi. Sur la colline, l'incendie auquel j'avais fait allusion dans l'après-midi, continue à dévorer le bois, juste en face de nous.
J'en ai, soi-disant, pour trois semaines à l'hôpital, je ne suis donc pas mobilisable pendant ce temps-là, c'est toujours autant à être à l'abri du danger et des souffrances. Mais après la sortie de l'hôpital, il faudra y aller sur le front, peut-être pour augmenter le nombre des tués !
« Ma vie militaire est terminée. 2710 jours… Quatre-vingt neuf mois, ou sept ans et cinq mois… Une paille… Dont cinq ans moins un mois passés en captivité. Je suis rentré dans la vie militaire à vingt et un ans, j’en sors à vingt-neuf ».
J'avais toujours espéré finir ma captivité en même temps que mon carnet, hélas ! mon carnet touche à sa fin, mais la captivité ?...
A présent c'est la guerre. Combien la cruelle catastrophe du 3 septembre 1939 va-t'elle m'apporter de journées d'angoisse, de souffrance et de danger ? Combien de deuils pour la France ?
Quand la neige tombera noire
Et que les corbeaux voleront blancs
S'effaceront de ma mémoire
Les souvenirs du régiment.
Dimanche 15 décembre 1940.
Nous passons la nuit du dimanche au lundi entassés, environ cent cinquante dans une chambre pour vingt soldats. Je dors tant bien que mal. D'autres nuits plus mauvaises peut-être m'attendent, car nous partons pour l'Allemagne, c'est certain...