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Citation de Tempsdelecture


Une fois de plus, il pensa à la fuite. Il n’avait pas d’argent. Il n’avait ni l’intrépidité d’esprit, ni la résistance physique, qui lui eussent permis d’affronter l’existence des vaincus et des parias de la société – vagabonds, plongeurs, portiers de saloons, pianistes de maison de débauches. Il n’était pas certain non plus que, s’il disparaissait, ses parents n’entendraient pas les échos des clameurs d’Anne. Elle aimait raconter l’histoire de la dame musulmane du temps des Croisades, qui, abandonnée en Égypte par son amant chrétien, partit à pied et erra à travers l’Europe, un seul mot sur les lèvres, son nom, le nom de Gilbert. Quand Anne racontait cette histoire, elle y mettait une teinte d’humour pathétique. Mais cet humour et ce pathétique cachaient, comme Herbert le comprit rétrospectivement, une dureté, une volonté de fer et un manque de vergogne tout agressif bien qu’ils s’affichassent comme impuissants. Non, il n’y avait rien à faire. A moins qu’elle ne se résignât, il était perdu, damné. Le monde et la moralité officielle mettaient toutes les armes dans la main de cette femme. Une révolte, ou une violence quelconque de sa part à lui entraîneraient la ruine et le déshonneur, non seulement pour lui, mais pour son père, pour un nom honorable. Réfléchissant à la situation et tirant les choses au clair avec une sagacité aiguisée par le danger, considérant comment il avait été joué, et comment il allait probablement voir ruinés son bonheur, sa paix, ses espérances, ses ambitions, Herbert dressa le bilan de la morale officielle de son temps et de son pays: un amas de mensonges barbares, immondes, dépourvus de générosité, lâches, vulgaires, que toute âme un peu élevée se devait de mépriser, de défier et de fouler aux pieds….
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