Prix de création littéraire Mathieu Villeneuve et Lyne Vanier récompensés
L'éternité, c'est maintenant.
…si un élève (…) passe par dessus sa bizarrerie et s’offre pour jouer avec lui, c’est un échec lamentable. Ludovic soumet son entourage à tant de règles qu’il essouffle tout le monde. Bien sûr, le but de mon frère n’est pas de contrôler l’autre et d’être reconnu comme le maître, mais seulement de rendre le jeu prévisible et compréhensible.
Je m’appelle Yohan Inkel. J’ai dix-neuf ans. J’habite sous le dôme de la Cité, quelque part sur ce qu’il reste de la Terre depuis le Grand Chaos. D’ici environ quarante ans, mon existence sera périmée et ma mise à mort automatique sera enclenchée par nos dirigeants pour qui la vie est un privilège réservé à ceux qui contribuent au bien-être de notre communauté. Produire ou périr, voilà le mot d’ordre. Chez nous, pas de place pour les faibles et encore moins pour les rebelles. Tant de morts et si peu d’espoir. Malgré tout, nous, membres de la Dissidence, avons l’intention de nous battre. D’ailleurs, le combat est pour demain…
La nuit, Casper me réveille souvent au moment précis où un cauchemar commence à m’égratigner l’âme. Je ne sais pas comment il fait. Personne ne l’a dressé pour ça. Peut-être qu’il m’entend gémir.
Son esprit glisse sur les mots, puis vers le kintsugi, cet art japonais qui consiste à réparer les porcelaines et les céramiques brisées non pas en camouflant les dommages, mais plutôt en les soulignant avec de l’or. Affirmant que la beauté peut naître des imperfections. Et même des grands chavirements.
Mentalement, j'ai fixé le souvenir de ce moment, y percevant l'un de ces éclats de perfection que la vie éparpille tout au long de notre route, l'un de ces joyaux auxquels il fait bon repenser les soirs de grisaille.
L'amour rend les faibles puissants, et les puissants, bien faibles...