Une rosée limoneuse sur les paupières,
la fraîcheur dispersée dans la poitrine,
nous avons les yeux plumés de tout ce gris,
de ces meules de temps, de ces sillages ensablés
dans lesquels on jette en vain
des charretées de signes et de poèmes.
Fais-moi encore une fois sentir
l'odeur d'herbe fraîchement coupée
de ton départ -
Je confie une caresse à tes paroles,
un poème à tes matins-
Et que l'ourlet de nos aurores
reste une fois encore
rouge...
Confidence faite à ma nuque
Par milliers
nous ouvrirons les livres
pour écouter bruisser les plumes
et les ailes cachées sous leurs pages
puis y creuser des puits pour chacun de nos rêves ;
nous apprendrons
à écouter grandir la nuit
à cacher ses étoiles dans le revers des manches
et à serrer jusqu'au matin
notre butin de lumière
"Promesse" dans "Je rêve le monde, assis sur un vieux crocodile", édition Rue du Monde
Nous entrons dans le jour, nous inventons une neige
et des baisers exacts – violets comme nos
bouches un soir.
Qu'elle est gracieuse, l'investiture du jour !
L'épaisse tranche pâle des brumes -
l'infime battement des veines de l'aube :
la légèreté fêtée par les nuage
et une nouaison de gouttes d'eau.
Le matin a remué d'un coup sa volière de silence
et de lumière.
Je porte cette bure jusqu'à ce que le poème creuse un passage dans ta chair.
ENVOLS D’OISEAUX…
Envols d’oiseaux —
autant de tintements que de solitudes :
voix mêlées chacune à part soi.
Ablutions dans la récolte
des premières heures !
— Rien ne frémit sous le chant des martinets —
D’un vol aigu,
ils labourent les sillons blancs du ciel,
fêtent l’espace
tandis que nous l’apprenons.
Le matin …
Le matin a remué d’un coup sa volière de silence
et de lumière.
Je porte cette bure jusqu’à ce que le poème
creuse un passage dans ta chair.
Tes yeux d’amande s’accouplent aux nuages
pointes au cœur
deux auguraux perce-neiges
qui me dépaysent de moi-même.