Nous parlions et écrivions des histoires, lisions des comics et rêvions de notre avenir. J’avais décidé que nous irions tous les deux à l’Université de New York après le lycée. Il avait accepté, et nous prévoyions de partager une chambre. J’étais si éperdument amoureux de lui à ce moment-là que j’avais atrocement hâte de passer chacune de mes nuits à quelques mètres de lui. Je me souvenais avoir souhaité que notre dernière année de lycée passe en un éclair pour que nous puissions être ensemble. De temps à autre, je ressentais un élancement douloureux à la pensée qu’il puisse rencontrer une fille.
J’aimais voir à quel point je me sentais à l’aise avec lui. Même quand nous étions entièrement vêtus et non plus en train de nous attaquer l’un à l’autre – même si je devais admettre que je n’étais pas contre –, il y avait cette agréable familiarité. Nous vivions l’étincelle et la flamme d’une nouvelle relation, sans la gêne qui les accompagnait.
« Je pris une gorgée d’eau que j’espérais désinvolte.
— Je suis enceinte.
Et la recrachai fissa sur le bar. Pardon ?
— C’est super, mon chou. Tu es encore avec le futur papa ?
Je t’en prie, je t’en prie, je t’en prie, dis oui.
— Je suis juste en face de lui, pour tout dire. »
Comment quelque chose pouvait-il être aussi agréable ? Parce que c'est Rue. Parce que c'est nous, ensemble. Parce que rien que de penser à lui, mon cœur est heureux.
La colère n’était pas vraiment la meilleure solution pour guérir l’insomnie. Pas plus que la frustration ni la douleur irréparable d’un amour à sens unique.
J'avais toujours été capable de reconnaitre la beauté sans jamais en avoir été ému pour autant.
Jusqu'à Rue.