Alors qu'elle suivait la voiture de Luke qui suivait celle de Jackie, tous se dirigeant vers l'hôpital, Isabel se sentit étrangement calme. Jackie avait su exactement ce qu'il fallait faire, comment s'occuper de Ben. Mais Isabel avait su aussi. Elle avait été là, coude à coude, cœur à cœur. Elle avait ressenti ce que seules éprouvent les mères. C'était en elle aussi.
- (...) Je te manquerai, mais tu peux m'emporter avec toi. Que tu sois heureuse ou malheureuse, tu m'auras avec toi. Pour toujours.(...) C'est comme ça qu'on vit éternellement, tu sais, parce que quelqu'un nous emporte avec lui.
Elle allait mourir. Et ce n'était pas quelque part dans un lointain futur, mais dans un de ces mardi ou jeudi ou dimanche qui figuraient déjà sur le calendrier de la cuisine. Aussi sûrement que le jour de son anniversaire s'y trouvait, le jour de sa mort était là aussi, l'attendant: une boîte noire, un numéro, et un espace blanc vide.
C’est alors qu’elle avait appris que tout ce qui était en elle, bon ou triste, tout cela lui avait donné une façon bien à elle de percevoir la réalité (p.27)
Luke s'était trouvé un moment dans ce cercle. Ses enfants y étaient toujours. Ils lui offraient du réconfort; tous les autres suscitaient en elle un besoin de se cacher, de protéger son temps, et sa tranquillité.