Maggie Smith

Non, il ne s’agit pas des mémoires de Dame Maggie Smith, la célèbre interprète de Minerva McGonagall et Violet Crawley, même si elle aurait probablement un certain nombre d’anecdotes savoureuses à raconter. Cette autre Maggie Smith est une poétesse de l’Ohio qui s’est fait connaître en 2016 grâce à son poème « Good Bones« .



Mais c’est son passage dans We Can Do Hard Things, le podcast de Glennon Doyle, qui m’a permis de la découvrir en me donnant envie de lire ses mémoires. Dans You Could Make This Place Beautiful, elle raconte comment sa vie bascule de manière terriblement banale lorsqu’elle trouve, dans les affaires de son mari, une carte postale adressée à une autre femme. Elle entame alors une thérapie de couple pour tenter de sauver son mariage. Mais le divorce est inévitable parce qu’elle est la seule à se remettre en question.



Elle essaie vraiment, pourtant, de se mettre à la place de son mari et de comprendre pourquoi il n’est pas heureux. Mais quand il rejette la faute sur elle et lui reproche son succès et les déplacements qu’elle est amenée à faire pour son métier, elle comprend qu’il lui demande de sacrifier son art pour se consacrer uniquement à son rôle de mère et d’épouse. Bien entendu, elle ne peut s’y résoudre.



Au-delà du drame intime, c’est une œuvre forte sur la place de la femme, les attentes de la société et les conséquences catastrophiques des rôles hétéronormés qu’on nous inculque dès l’enfance. Le tout présenté sous forme de textes courts dont l’impact résonne longtemps après avoir tourné la dernière page.



Ce n’est pas tant le récit d’une reconstruction personnelle que l’aveu d’un échec, celui de la génération Y – la mienne, donc – qui n’a pas réussi à construire un nouveau modèle familial basé sur l’égalité dans le couple. Trop de choses reposent encore sur les épaules de la femme, surtout quand elle est mère.



La lueur d’espoir réside cependant dans l’exemple que nous donnons à nos enfants et les valeurs que nous leur transmettons. Je me suis reconnue dans la relation très forte que l’autrice noue avec ses enfants du fait des épreuves traversées ensemble. Il est permis de penser qu’en refusant de sacrifier notre épanouissement personnel sur l’autel de la maternité, nous proposons à nos fils à et nos filles un modèle plus sain ou en tout cas plus lucide que celui avec lequel nous avons grandi.



J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre, que j’ai dévoré en quelques jours seulement. (Je vous conseille d’ailleurs au passage la version audio lue par l’autrice, qui possède une voix très douce et très agréable.) Et comme j’adore la poésie en prose, je compte bien me plonger dans le reste de l’œuvre de Maggie Smith car je trouve son écriture puissante, lyrique et extrêmement émouvante.
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