« - Peur ? Pourquoi ?
In petto, j’étais d’accord. Cette baraque aurait fichu la trouille à n’importe qui de la vraie vie. Mais ici était-on dans la vraie vie, ici ? Marnie s’avança plus près, en tenant son tabouret ;
- Le soir, il y a ces bruits… Chaque soir. A la même heure. Vers 11 heures.
- Des bruits ? ai-je répété sottement.
- Ca me réveille. Enfin, j’ai l’impression que ça me réveille. Je sais qu’il est 11h parce que la grande pendule du palier sonne 11 coups.
- Celle dont les aiguilles ont du mal à dépasser 11 h ?
- Roch les remet à l’heure… Mais une fois qu’elle a sonné les 11 coups, elle ne sonne plus. Et après… j’entends les bruits.
- Quels bruits ?
- Je ne sais pas. Loin. Des pas. Une porte. Un tiroir qui claque. Parfois de la musique. Ou une chasse d’eau. Et après… Oh pas très longtemps après, il y a…
Elle respirait très vite, comme si elle venait de courir un sprint, ses yeux noirs emplis de terreur.
- Il y a… ? l’ai-je encouragée.
- Ne te moque pas surtout.
- Bien sur que non, je t’écoute.
- Je sens…quelqu’un dans ma chambre. A côté de moi, près de mon lit. Je ne l’entends jamais entrer mais… je l’entends qui respire. Je suis paralysée de peur. Et… »