Sai pousse un long soupir, bouge : d’un geste exagéré, il met les deux mains en visière pour signifier qu’il tente de deviner le numéro du bus à l’approche. Il transparaît que ce n’est pas le sien et il arbore un nouveau geste théâtral, exprimant son désarroi. Madras regorge de mauvais acteurs. C’est un point que les historiens ne notent jamais : la ville est pleine de cabotins. Le bus arrive, bondé, déverse un essaim de grêles jeunes gens mal nourris qui n’auraient jamais vécu aussi longtemps sans les vaccins gratuits.