La métropole est ainsi institution totale : une offre complète de services pour handicapés existentiels
Faute d’analyser à partir du point de vue d’une guerre civile mondiale les processus modernes d’institutionnalisation des sociétés ou les formes port-modernes plus esthétisantes de « gentrification », nous perdons l’essentiel du problème politique qui se joue dans les deux cas : comment, dans ses campagnes de gestion, tout particulièrement dans celles de pacification, l’enjeu est toujours la survie et la croissance du système capitaliste, par le biais de l’expropriation, de l’exploitation, de l’anéantissement et de la discrimination.
Nous devons nous fortifier dans un sens guerrier face à l’état d’exception, nous approvisionner de moyens matériels qui contribuent à notre autonomie et élaborer une intelligence partagée qui nous permette de rompre l’impasse de la situation
Les méga-projets de smart city qui prospèrent aujourd’hui à l’échelle mondiale trouvent leur plus gros client dans cet individu transi, complètement exproprié de sa capacité à construire, et qui préfère débourser son argent et payer ses impôts pour qu’une bande d’experts (…) se chargent de réguler et de programmer, à la seconde près, chaque moment de sa vie.
La problématique à laquelle nous faisons face n’est autre que celle de la mise en infrastructure de tous les espaces, et les temps dans le mode pour la constitution d’un méga-dispositif métropolitain qui annulerait, enfin, toute perturbation, toute déviation, toute négativité pouvant interrompre l’avancée in finitum de l’économie.
L’attention que les communautés indigènes portent à la terre et aux territoires, constitutifs de leurs formes-de-vie, a beaucoup à apprendre à l’ « utopisme » des militants métropolitains et, de façon plus décisive encore, à quiconque se propose d’aller dans un sens révolutionnaire.
Il s’agit toujours d’élaborer un type d’agir politique demeurant autonome et hétérogène, luttant au corps à corps avec la loi sans jamais lui céder le terrain, en même temps qu’il persévère dans la recherche d’une sortie hors de ses architectures catégorielles.
Le défunt et regretté « espace public » n’est plus aujourd’hui qu’un chronogramme de contrôle de mouvements et une attribution de trajets, qui ne « nous limitent » pas, mais promeuvent un choix libre, préalablement établi.
Faire sécession avec l’ordre global de gouvernement est aujourd’hui un geste de constitution possible de formes-de-vie hétérogènes et polymorphes
Aujourd’hui ce n’est ni dans les villes, ni dans les campagnes que l’humanité peut livrer le combat contre la capital, mais en dehors.