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Citation de Malahide75


Il est comme l’oiseau que le chat va dévorer. S’il lève la tête, il voit les ombres qui s’avancent au loin dans la boue, et anticipe leur présence toute proche, conscient de tout le mal qu,elles peuvent lui infliger. Il est toujours en vie mais c’est la vie d’un rat au fond d’un trou d’eau , son souffle est trop court et quelque chose bat la chamade dans sa poitrine, c’est comme si la mort voulait s’introduire en lui, comme si quelque chose d’étranger lui imposait son emprise. C’est quand il est à genoux que cette emprise est la plus fulgurante, il est comme planté dans la tranchée, comme aspiré par la terre, et ses genoux le soutiennent encore, mais ils pourraient aussi bien le lâcher, il ne peut pas fuir parce que ni son corps ni ses articulations ne lui obéissent plus. C’est dans ce crépuscule écarlate qu’il est venu planter ses jambes dans la boue, et le fracas s’affaiblit, comme devenu lointain, il retombe comme tomberaient des flocons de neige, mais ce fracas demeure, au point qu’il pourrait lui déchirer les tympans, mais c’est justement plus qu’il n’en peut supporter, il n’est plus là pour l’entendre, il ne fait plus écho à rien, il sent seulement son corps comme s’il n’était plus le sien, il est assis à l’extérieur de son corps et il contemple ce corps pétrifié et incapable de fuir. Il se baisse d’instinct quand la terre se soulève devant lui ou pour ne plus voir les ombres lointaines, juste un instant, ne plus entendre, ne plus rien voir d’autre que le parapet de la tranchée et les traces de la pioche qui l’a creusée, là sous ses yeux, et il rentre la tête dans les épaules, comme l’oiseau que le chat va dévorer.
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