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Citation de rkhettaoui


Le privilège de l’art est de nous faire éprouver le mal à distance, sans que nous ayons besoin d’y prendre part. C’est la force de la littérature, et sans doute aussi du cinéma, que de s’aventurer aux limites de ce qui reste pour nous dicible, visible, expérimentable – et de nous inquiéter, de nous troubler, de nous pousser dans nos retranchements. Priver les lecteurs, les spectateurs de la violence que l’art leur donne à éprouver, c’est la meilleure façon d’en faire un objet de fascination morbide. Voilà pourquoi la littérature et plus généralement l’art ont des droits, avec lesquels la société ne doit pas transiger. Nul ne sait ce dont la nature humaine est capable, nul ne sait ce que peut un corps – et l’on ne connaît pas davantage les désirs fous susceptibles de nous submerger, ni vers quels rivages ils sont à même de nous emporter. Dans le cours ordinaire de l’existence, il est rare que nous ayons la possibilité de nous porter à ces limites. Et c’est certainement préférable, quand elles touchent à l’expérience du mal. Ce que nous sommes à même d’expérimenter par nous-mêmes reste contenu dans des cadres qui nous sont imposés et dont il appartient à chacun de savoir dans quelle mesure il entend, le cas échéant, en contester le carcan, que ce dernier soit religieux, familial, communautaire, ou autre. Le pouvoir de la littérature, comme celui du cinéma et de tout art en général, est de multiplier, par la force de l’imagination, les possibilités de sortie hors de ces cadres.
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