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3.74/5 (sur 25 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Decize, Nièvre , le 30/03/1962
Biographie :

Marc Crépon est un philosophe et traducteur.

De 1984 à 1987, il étudie la philosophie à l’École normale supérieure. Pendant cet apprentissage, en 1985, il fait un séjour d’études à l’université de Tübingen, puis il obtient l'Agrégation de philosophie en 1986. Il devient ensuite professeur à l’Université de Chisinau (République de Moldavie), de 1987 à 1989, au titre de la coopération.

De 1990 à 1993, il est enseignant de philosophie (AMN) à l’université de Paris X (Nanterre). Par la suite, il est pensionnaire à la Fondation Thiers pendant trois ans. En 1995, il obtient son Doctorat de philosophie.

De 1997 à 2003, il est chargé de recherche au CNRS. Il est directeur de recherche au CNRS et, depuis le 1er juillet 2011, directeur du département de philosophie de l'École normale supérieure.

Son travail se concentre sur la question de la violence, des langues et des communautés dans les philosophies française et allemande, notamment celles de Nietzsche, de Franz Rosenzweig et de Jacques Derrida.

Marc Crépon est l'un des membres fondateurs de l'association Ars Industrialis, association de réflexions sur les "technologies de l’esprit" (industries de l’informatique et des télécommunications, notamment) et les impératifs économiques qui, selon elle, les sous-tendent.

Il est l'auteur, entre autres, de "L’Imposture du choc des civilisations" (Nantes, Éditions pleins feux, 2002); "Nietzsche : L’art et la politique de l’avenir" (Paris, PUF, 2003); "La Philosophie au risque de la promesse" (Ed., en collaboration avec Marc de Launay, Paris, Bayard); "Terreur et poésie" (Paris, Galilée, 2004); "Langues sans demeure" (Paris, Galilée, 2005).
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Source : Wikipédia
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Citations et extraits (71) Voir plus Ajouter une citation
...nous vivons un processus de dissociation, c'est-à-dire une lente mais certaine destruction des milieux associés symboliques... Cette dissociation a commencé depuis que le modèle de la division industrielle du travail, issu du machinisme qui s'est déployé au XIXème siècle, a été mis en oeuvre dans le domaine langagier par les médias de masse, tels qu'ils reposent sur l'opposition de ceux qui sont devenus des producteurs et des consommateurs de symboles, et c'est ce qui est rendu possible par....l'apparition d'appareils technologiques qui permettent par exemple d'écouter de la musique sans avoir à en faire, tout aussi bien que d'écouter des discours politiques - formatés, hachés et passés à la moulinette des plateaux de télévision - sans avoir à les lire : sans les fréquenter dans de temps singulier de l'attention que constitue la lecture.
Bernard Stiegler
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[Cérémonie des Césars 2020 – "Polanski vs. Adèle Haenel"]

Ce n’était pas rien de voter pour ce cinéaste ! C’était une bêtise, au sens propre que lui donne Kant, qui est d’être un absolu manque de jugement ! Il y avait d’autres réalisateurs et réalisatrices en compétition, dont le travail méritait au moins autant le prix. Il faut donc être naïf pour imaginer que c’est une distinction de cet ordre (celle du talent, de la réussite, etc.) qui aura motivé ce vote. Et soutenir qu’il n’exprimait rien d’autre relève de la plus élémentaire mauvaise foi. Nul ne pouvait ignorer, car la controverse ne datait pas de la veille, que, dans ce choix, c’est évidemment tout autre chose qui était en jeu, à savoir rien de moins que le déni du combat mené, depuis plusieurs années, par un nombre croissant de femmes, et sans doute aussi quelques hommes, pour que l’étau des agressions subies ne soit plus supporté par une profession qui l’avait trop longtemps ignoré, pour que les langues se délient et pour qu’enfin la honte change de camp.

Faire mine de l’ignorer ou passer outre avait donc une signification très claire. C’était joindre l’outrage à la bêtise. C’était rendre invisible leur combat qu’illustrait un autre film en compétition, dont la réalisatrice était une femme et l’actrice principale la dénonciatrice de l’autre prédation, susceptible d’ébranler la grande famille. C’était par là même se moquer de l’engagement pris et de la lutte menée, des bouleversements escomptés, des espoirs suscités par la condamnation des rapports de domination, rendre invisible, en quelque sorte, et inaudible la voix des femmes. C’était dire, dans le fond, que tout cela ne comptait pour rien – et que rien ne devait changer. Pire, c’était peut-être dans le fond manifester, dans le confort d’un bulletin secret, sa désapprobation de cette libération de la parole qui, quelques mois plus tôt, avait, encore une fois, brisé courageusement la loi du silence.
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Ce que l'on a appelé le divertissement - et qui est devenu le monde des industries culturelles, qui s'est dès lors confondu avec le mot de loisir, qui veut dire d'abord liberté, non pas comme divertissement ou distraction, mais bien au contraire comme "attention" -, ce divertissement "diluant l'attention" a complètement modifié le sens de ce que l'on appelle la culture, laquelle a toujours été bien plus qu'un processus de divertissement : elle a bien plutôt été le processus d'un "effort", individuel ou collectif, comme dans le cas de la culture physique. Il n'y a pas de culture physique sans effort. Il n'y a pas non plus de culture morale, spirituelle et politique sans effort. La culture est l'expérience d'un effort qui donne de la joie, c'est ce qui fait de l'effort une joie et de la joie ce qui nécessite un effort, et qui se présente dans l'"évidence" de cette nécessité.
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C'est à créer les conditions d'une soumission au travail forcé, à un travail absurde ou vécu comme tel, c'est-à-dire à un travail ne donnant aucune culture, que s'est en effet consacrée l'organisation scientifique du travail par Taylor. Une telle organisation a conduit à la pure t simple destruction du travail et à son remplacement par l'emploi comme simple facteur économique.
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Tout se passe comme si ce que les violences sexuelles révèlent devant être caché, il leur revenait d’en porter seules le fardeau, au prix du plus grand abandon, d’un ostracisme, dont la cruauté est sans limites, sinon, pour finir, d’une disparition, réelle et symbolique, dont le suicide n’est au bout du compte que la forme extrême et paradigmatique. Qui dira que ce n’est pas encore la loi qui s’impose dans des familles hantées par l’inceste, dans des milieux sportifs, comme dans ceux du spectacle, du cinéma, dans les entreprises, dans l’armée ? Quelle loi ? Celle qui consiste à mettre à l’écart, soustraire au regard les victimes coupables de ne pas savoir se taire.

Aussi convient-il d’entendre, avec la plus grande attention ce que dit saint Augustin qui est très clair…, qui devrait s’imposer comme une évidence… et dont force est de constater pourtant (car tous les témoignages le confirment) que c’est loin d’être le cas. Il est, souligne-t-il, criminel de faire porter la culpabilité sur les victimes de violences sexuelles, avec l’obscure suspicion qu’elles ne se sont pas donné tous les moyens d’y échapper, qu’elles y ont finalement pris du plaisir, en un mot qu’elles étaient plus consentantes qu’elles ne veulent l’avouer. C’est même, précise-t-il, de « bêtise criminelle », qu’il convient de parler. Et l’on sait de quelle eau est faite cette bêtise, à laquelle les institutions (la police, la justice et même le corps médical) chargées de recueillir la parole des victimes sont loin de toujours échapper.
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Dans le cas des violences à caractère sexuel, c’est l’inverse qui se produit. La loi existe, elle proscrit depuis longtemps la pédophilie, l’inceste, en un mot, les relations sexuelles entre adultes et mineurs. Elle condamne le viol et, depuis moins longtemps, le harcèlement. Pour autant, des pans entiers de la société, des milieux complaisants refusent de reconnaître comme une violence insoutenable ce que le législateur a déjà reconnu comme telle. Pourquoi est-ce si lent et si long ? Plus grave encore, sur l’ensemble des agressions que signifient ces relations, avec leur cortège de souffrances, de séquelles, physiques et psychiques, de traumatismes, c’est une infime proportion qui est déclarée, dénoncée, jugée et punie.

Pourquoi la société aura-t-elle tant peiné (et peine-t-elle encore) à reconnaître la gravité de ces agressions ? Pourquoi mettre les enfants à l’abri de la prédation ne semble-t-il pas avoir constitué une priorité absolue ? La raison en est peut-être la suivante. La société ne reconnaît pas spontanément l’autorité de la loi, quand son action s’apparente à une répression de la sexualité. Elle s’en méfie, quand la loi cible et stigmatise telle orientation, telles pratiques sexuelles déterminées soupçonnant un ordre moral conservateur, sous couvert de « décence morale » ou de « vertu », de s’immiscer dans la vie privée des individus, en imposant une norme à la sexualité.
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[Jaurès et la patrie]

La vérité est que partout où il y a des patries, c’est-à-dire des groupes historiques ayant conscience de leur continuité et de leur unité, toute atteinte à la liberté et à l’intégralité de ces patries est un attentat contre la civilisation, une rechute en barbarie. Dire que les prolétaires étant serfs du capitalisme, ne peuvent subir par l’invasion, par la conquête, une aggravation de servitude est un enfantillage.

C’est la raison pour laquelle, continue-t-il, il ne faut pas prendre trop au sérieux la phrase du Manifeste du Parti communiste, selon laquelle « les ouvriers n’ont pas de patrie ».

Sans doute l’appartenance que fonde la « patrie » est-elle transitoire, en aucun cas elle ne saurait constituer le dernier mot des règles de solidarité qui sont appelées à lier les hommes les uns avec les autres. Mais l’internationalisme ne saurait exister non plus sans reconnaître cette forme d’individuation collective intermédiaire que désigne la notion de « patrie » ; ou, plutôt, il ne saurait l’ignorer sous peine d’en abandonner l’usage et l’invocation à la perception régressive, vengeresse et réactive que le nationalisme et le patriotisme le plus virulent se font de sa nécessité. Aussi – et ce n’est pas nier son existence que de l’admettre – faut-il reconnaître que la lutte des classes n’est pas, tant s’en faut, la seule forme de conscience collective, la seule forme de communauté et de partage qui régit la vie des individus ; sauf à se complaire dans la dénégation de la réalité et de l’histoire. Voilà in fine ce qui donne sens à la notion de patrie : elle se concrétise dans cette synthèse passive qui permet à chacun d’être un individu, avec d’autres et en même temps qu’eux, en l’attachant à une langue, à des lieux, à des habitudes communes. Quoi qu’en dise l’idéologie, on ne peut faire comme si cette synthèse et l’attachement qu’elle produit n’existaient pas ; et on ne saurait en minimiser la force.

Mais en même temps – et c’est un point capital qui fait toute la singularité et la lucidité de l’auteur de L’Armée nouvelle – ce « haut idéal », les prolétaires, gagnés à la dimension internationale de leur émancipation, ne sauraient le projeter « dans le vide » ni le réaliser ailleurs que dans une « nation autonome ». Parce que le socialisme ne saurait se couper de la vie de ceux dont il entend défendre le droit à une émancipation égale, il ne doit pas (c’est une condition de la paix) tourner le dos à cette forme d’individuation collective, à cette synthèse passive de forces terribles que signifie la patrie. Voilà le credo de Jaurès : il ne s’agit pas de « sacraliser » la patrie, comme le feront, peu de temps après, les thuriféraires acharnés de la guerre et, avec eux, ceux qui réclameront qu’on se « sacrifie » pour elle ; mais de la reconnaître comme une nécessité vitale, avec laquelle il faut vivre et qu’il faut transformer de l’intérieur, pour lui permettre de contribuer au seul idéal qui tienne véritablement : celui d’une « solidarité » transnationale et, par conséquent, intrinsèquement et essentiellement pacifiste.

Il y a donc « patrie » et « patrie » – et il faut s’entendre sur le sens du mot d’ordre qui clame « à bas les patries ». Lorsqu’un syndicaliste révolutionnaire le reprend, il n’en appelle pas à leur disparition, pas plus qu’il n’aspire à leur dissolution dans une « servitude universelle ». Ce qu’il réclame est tout autre chose, que Jaurès résume dans les termes suivants :

À bas l’égoïsme et l’antagonisme des patries ! À bas les préjugés chauvins et les haines aveugles ! À bas les guerres fratricides ! À bas les patries d’oppression et de destruction !
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Les mots que chacun utilise pour dire son opinion sont rarement les siens. Ils sont tributaires de sources d'information qui sont, pour une majorité de citoyens-téléspectateurs, des informations télévisuelles. Même les mots que nous mettons le plus souvent sur nos inquiétudes, nos souffrances, notre perplexité sont redevables de leur mise en scène et de sa répétition.
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Le privilège de l’art est de nous faire éprouver le mal à distance, sans que nous ayons besoin d’y prendre part. C’est la force de la littérature, et sans doute aussi du cinéma, que de s’aventurer aux limites de ce qui reste pour nous dicible, visible, expérimentable – et de nous inquiéter, de nous troubler, de nous pousser dans nos retranchements. Priver les lecteurs, les spectateurs de la violence que l’art leur donne à éprouver, c’est la meilleure façon d’en faire un objet de fascination morbide. Voilà pourquoi la littérature et plus généralement l’art ont des droits, avec lesquels la société ne doit pas transiger. Nul ne sait ce dont la nature humaine est capable, nul ne sait ce que peut un corps – et l’on ne connaît pas davantage les désirs fous susceptibles de nous submerger, ni vers quels rivages ils sont à même de nous emporter. Dans le cours ordinaire de l’existence, il est rare que nous ayons la possibilité de nous porter à ces limites. Et c’est certainement préférable, quand elles touchent à l’expérience du mal. Ce que nous sommes à même d’expérimenter par nous-mêmes reste contenu dans des cadres qui nous sont imposés et dont il appartient à chacun de savoir dans quelle mesure il entend, le cas échéant, en contester le carcan, que ce dernier soit religieux, familial, communautaire, ou autre. Le pouvoir de la littérature, comme celui du cinéma et de tout art en général, est de multiplier, par la force de l’imagination, les possibilités de sortie hors de ces cadres.
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Non seulement censurer, expurger, purifier sont autant de gestes qui, sous couvert de protéger, de sauver, de restaurer ne font jamais autre chose que confisquer, brûler, détruire. Mais, en outre, c’est toujours une petite minorité qui s’investit autoritairement de la mission d’assurer l’index ou l’autodafé qui en résultent. C’est elle qui décide, de façon arbitraire, ce qui peut encore être lu, vu, entendu, déniant aux autres la faculté et la liberté d’exercer leur esprit critique.
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