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Citation de Charybde2


et, sur un tableau, l’on voyait le prophète Jean-Baptiste qui immergeait et baptisait des gens dans le trou d’aigue d’une rivière à l’onde pure et vive, comme celle d’ici, quoique moins torrentueuse, et dotée de berges de terre ocreuse et non caillouteuse, et, sur l’autre, l’on voyait Saint-Martin qui prêchait debout sur le plateau d’une carriole tirée par un ours qui avait été représenté de bien plus petite taille que ceux qui hantaient les montagnes au nord et qui venaient parfois rôder par ici, mais ce n’était que le pur effet d’optique produit par le dessin qui, comme chacun pouvait le comprendre, ne respectait point les justes proportions, afin de démontrer que l’homme avait plus de grandeur que la bête, et qu’il la dominait bien, eu égard à son statut dans la Création, outre que les ours n’ont point en vérité une taille tellement formidable que l’on leur imagine, puis l’aigue du bassin faisait un gros ru qui traversait tout le château, et le sol qui, en cet endroit et comme partout dans le château, ainsi encore qu’il a déjà été décrit, était celui originaire, c’est-à-dire constitué de grandes strates de calcaire, avait été lissé et creusé en canal par le flux variable, et, au moment du redoux printanier et que la neige qui fondait sur le haut et lointain pays, celui aperçu du haut de la guérite, alimentait surabondamment les grands réservoirs souterrains dans les fondements de la montagne, l’aigue pure et glaciale qui resurgissait en ce pays de moindre altitude jaillissait en force de la paroi du crêt au fond de la chapelle, en un jet parfaitement horizontal, en un anomal geyser, puis giclait avec fracas dans la vasque réceptaculaire qu’elle avait creusée depuis un temps immémorial, puis inondait la chapelle où l’on avait retiré à la hâte la statue du christ pour la porter vers le lieu plus élevé du château, dans la salle dite des réjouissances, soit qu’il y fallût trois porteurs, deux placés de chaque côté, à l’intersection des branches de la croix basculée presque à l’horizontale et placées sur leurs épaules rendues molles, après que la couronne de ronces eut été ôtée de la tête du christ afin de ne prendre le risque qu’elle chût durant le transport et fût piétinée par les porteurs, ou les gens du cortège qui accompagnait ce déménagement et y assistait avec ferveur, à cause qu’il était considéré par tous les gens du château comme bien plus rempli de religiosité, voire de sacralité, que la plus grande et pompeuse messe, assavoir celle donnée par l’évêque du diocèse durant les fêtes de Pâques, le corps incliné de la statue mêmement disposé que celui d’un homme alité et mourant, avec son visage tout près de l’oreille d’un des porteurs, comme un malade agonisant qui voudrait faire sa dernière confession avant de recevoir l’extrême onction, quoique ce fût lui le Christ médecin, ce qui ne manquait idée de troubler l’esprit des suiveurs, et quoiqu’un homme agonisant n’ait les bras ouverts, mais repliés sur sa poitrine en une posture de protection, ou propice à obtenir du répit dans sa douleur, comme qui dirait en une position antalgique, ou permettant à son esprit de se tourner vers lui-même, afin de procéder à cet ultime examen qu’un agonisant est tenu de porter sur sa conscience, et le troisième portant le pied de la croix contre son ventre, avec ses deux mains amollies qui faisaient office de support, et ses deux bras éminement détendus, afin d’œuvrer au portage comme qui dirait sans effort, à la différence de ses deux acolytes qui ployaient un peu sous la charge, ou soit que ce fût le vieux seigneur lui-même, qui, en guise d’une pénitence prescrite par sa jeune épouse, pour une vie dissolue qu’il aurait eue avant ses deuxièmes noces, la traînait exactement comme le Christ avait traîné la sienne
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