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Citations de Marc Graciano (39)


Mais le vieux n'était point si vieux en vérité.
Le vieux était simplement rendu à l'âge où un homme ne se raconte plus d'histoires.Il était rendu à l'âge où un homme ne craint plus ni les échecs ni les succès. Le vieux était désaffecté et doux.(...)
Le vieux était un vétéran.
Un sage.
Un fou.


( p.15)
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Ce fut en cet arroi que nous rejoignîmes au plus vite les bois noirs sur les collines au dessus de Vaucouleurs, et c'était l'heure où les canards quittent les roselières en queue d'étang pour évoluer dans un ciel sombre, et où le vol des oiseaux sauvagins palpite à la lisière des forêts, et où la terre froide faonne des bandes de brume qui se meuvent comme si elles étaient vivantes, (...)
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Le géant demanda au vieux par qui la garde de la petite lui avait été confiée et le vieux répondit qu' il aurait aisément pu lui répondre que c'était la grand-mère de la petite qui le lui avait demandé car, raconta le vieux , la mère était morte à la parturition et que c'était la grand-mère qui avait été la nourrice de la petite et que, une fois malade et mourante elle-même, c'était à lui, le vieux, que la grand-mère avait décidé de confier la petite et, durant le temps que le vieux parla, le géant observa que la petite écoutait avec de grands yeux fascinés car sans doute, pensa le géant, que c'était la première fois qu'elle entendait conter sa propre histoire. L'histoire de sa venue dans le monde.Que pour la première fois elle entendait le récit de sa propre genèse mais, pour finir, le vieux dit que le devoir de s'occuper de la petite était un devoir qui, en vérité, lui incombait de toute éternité.

( p.164)
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La petite regardait tous ces objets comme des trésors et ses yeux brillaient d'excitation et le vieux s'amusa d'y lire la fierté satisfaite du propriétaire mais c'étaient pourtant de maigres biens en vérité. C'étaient les maigres biens de deux vagabonds.De simples ustensiles pour bivouaquer et pour survivre.De pauvres outils pour errer et cheminer mais ces pauvres biens semblaient toute leur richesse à la petite et elle pensait que tant qu'ils les posséderaient rien de néfaste ne pourrait leur advenir et elle éprouvait, chaque fois que le vieux en faisait l'inventaire un puissant sentiment de sécurité.
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Je bois par pitié
Pour moi et pour le monde
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Depuis bien des jours le vieux cheminait avec la petite le long de la rivière. Quelquefois le vieux tenait la main de la petite mais, le plus souvent, il la laissait voyager seule autour de lui. À cette fin, le vieux veillait à libérer la petite de tout faix. Le vieux veillait aussi à toujours régler son pas sur celui de la petite. Le vieux marchait doucement et quand la petite découvrait une chose inconnue et qu’elle s’arrêtait pour l’observer et qu’elle s’accroupissait sur les talons et qu’en se grattant impudiquement les fesses elle questionnait le vieux, le vieux s’arrêtait aussi. Le vieux interrompait leur voyage et, chaque fois qu’il le pouvait, il nommait à la petite ce qu’elle voyait. Chaque fois qu’il le pouvait, le vieux enseignait la petite sur les êtres et sur les choses qu’ils rencontraient. Le vieux nommait à la petite toutes les choses qu’elle découvrait et, quand il le connaissait, il lui en décrivait l’usage. Souventefois aussi, la petite demandait au vieux l’origine des choses et le vieux faisait toujours l’effort de lui répondre le plus sérieusement et le plus complètement possible mais, quand il ignorait la réponse, le vieux l’avouait à la petite.
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… les êtres ne cessent atome de mourir tout le temps qu’ils vivent
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e vieux dit à la petite qu’il n’existait pas de mot pour le décrire et il se tut en poursuivant sa marche puis, après un moment encore, le vieux reprit la parole et il dit à la petite fille que, de surcroît, il n’aurait servi à rien de l’inventer.
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Il lui dit qu’ils possédaient le ciel et il lui dit qu’ils possédaient la forêt et il lui dit qu’ils possédaient les poissons dedans la rivière et aussi les animaux de la forêt. Il lui dit qu’ils possédaient les plantes et il lui redit qu’ils possédaient le ciel et aussi les oiseaux dedans le ciel
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La petite portait une robe chasuble de lin gris et elle portait des chausses de lin gris et elle portait des bottes de chanvre à lacets et elle avait, pour les temps froids, un gilet en peau de mouton que, lorsqu’elle ne l’utilisait pas, le vieux portait pour elle roulé en sautoir sur sa propre taille à l’aide de la longue cordelette de cuir qui était cousue au gilet en office de ceinture. La petite avait des cheveux très blonds, presque blancs à force de blondeur, qu’elle portait libres ou bien attachés par le vieux avec un lacet de cuir en une couette unique à l’arrière du crâne. Elle avait le nez retroussé avec beaucoup de taches de rousseur et elle avait les oreilles petites et décollées. Elle avait la peau très mate et elle avait des yeux gris et elle portait, autour de son frêle cou longiligne, un collier de coquillages marins dont les surfaces extérieures étaient parfaitement lisses ou bien naturellement sculptées de fines cannelures qui apparaissaient en relief mais dont la nacre des revêtements intérieurs était toujours brillante et grise.
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Le verger était intégralement en fleurs et tous les arbres du verger étaient comme parés de flocons de fleurs blanches, juste un peu nacrées de rose, et il semblait que durant la nuit une neige légère était tombée sur tout le pays mais que partout elle avait déjà fondu et que, sa présence n'avait perduré que sur le bouquet des arbres et, sous les accès sporadiques du vent, une pluie de pétales était régulièrement emportée vers la lice et, étonnamment, des gens du commun dans le château, des lingères ou des servantes, avaient omis de rapatrier de grands draps de lins blancs étendus sur des cordelettes de chanvre entre diverses branches du pommier, le lieu habituel pour leur étendage, et les draps sous l'effet des mêmes accès de vent qui animait les bannières et aussi les voiles des hennins et aussi les plumes des chapeaux et aussi les rampages fleuris des pommiers, déclenchant ainsi des averses de pétales, se gonflaient et s'agit aient et parfois claquaient doucement dans l'air doux et tiède. (page 91)
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(...) et le prieur répondit à Johanne, et il le fit d'une voix extrêmement affable et douce, et tellement qu'elle en devint presque inaudible, et paradoxalement d'autant plus frêle que ce qu'il voulait lui dire semblait être de la plus extrême importance et que c'était à n'en point douter un viatique pour le grand voyage dans lequel elle venait de s'engager, mais aussi un peu comme s'il se désolait ou se décourageait d'avoir à lui révéler une telle évidence, que Dieu n'était point Celui qui avait écrit le grand Poème, mais qu'Il était le grand Poème.
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Il apposa ses mains sur les deux côtés du du visage ovale de la petite comme s'il voulait ainsi jauger sa forme. Comme s'il voulait en prendre l'exacte empreinte puis l'abbé ferma les yeux et le visage de l'abbé, remarqua le vieux, était beau et pâle et grave. Le visage de l'abbé était comme transfiguré et l'abbé caressa doucement et longuement le visage et le cou de la petite avec le bout de ses doigts. Avec la pulpe maigre de ses doigts. Comme un roi saint applique son oint. Comme poour délivrer la petite d'invisibles écrouelles. Comme pour nettoyer méthodiquement et anxieusement le visage de la petite de futures souillures. De taches de charogne à venir. De lividités cadavériques pour l'instant seulement perceptibles par l'abbé ou comme s'il voulait, par ce moyen sensationnel, inscrire dans son esprit la mémoire des courbes du visage de la petite. Comme si l'abbé avait su que les courbes du visage de la petite devraient un jour s'abîmer et se perdre et que lui, l'abbé, serait le seul gardien de leur souvenir. Du souvenir intact de la petite. Comme si l'abbé devinait que le visage de la petite, bientôt se désintégrerait et que lui, l'abbé, serait l'ultime abandonnataire. L'unique dépositaire de la mémoire du visage encore intègre de la petite et l'abbé releva ses fesses de sur son talon et il amena aussi un peu le visage de la petite vers lui et il donna un baiser sur le front de la petite et aussi sur les cheveux de la petite et l'abbé rouvrit les yeux et ses yeux étaient implorants et embués de larmes pendant qu'il voyait à nouveau la petite et l'abbé dit : une pauvre petite enfant de dieu.
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De grands et nobles animaux enfantés par la nuit des forêts et le vieux lui parla de leur vie de bêtes traquées. Il lui parla de leur vie de proies fugitives et lui parla de leurs moeurs. Il lui parla des rudes combats entre mâles et lui parla des femelles faonnant dans les chambres de feuillage.
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La petite était sortie de l’infans. Elle avait les membres allongés et amincis par la croissance et elle était autonome dans ses déplacements et elle était capable d’un début de raisonnement et elle était capable de jugement et elle était aussi capable d’affirmer ses goûts naissants mais elle avait gardé cependant de la gaucherie et de la maladresse dans ses mouvements. Elle avait aussi conservé, comme une petite enfant, le besoin d’établir, à temps réguliers, un contact physique avec le vieux. Quelquefois aussi, la petite s’effrayait des choses et des êtres inconnus rencontrés sur le chemin et elle cherchait alors refuge dans les bras du vieux. Le vieux acceptait la petite dans ses bras chaque fois qu’elle le voulait.
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Presque toujours en fin de journée, parce qu’elle était fatiguée, la petite demandait à être portée. Le vieux prenait alors la petite dans ses bras ou bien il la laissait grimper sur son dos. La petite s’affourchait sur le dos du vieux en accrochant ses bras autour du cou du vieux mais inexorablement, à cause des cahots de la marche, son corps finissait par glisser vers le sol et, de ce fait, elle étranglait le vieux. Le vieux tançait alors la petite et il lui demandait de mieux se tenir et, d’un brusque mouvement de hanches, il la remettait droite sur son dos mais quand, malgré ses remontrances, la petite recommençait à mollement se laisser aller et à l’étrangler de nouveau, le vieux la reposait à terre. Le vieux savait alors qu’il était temps de faire étape.
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Celle-qui-sait-les-herbes me conte aussi l'histoire d'un peuple qui occupait jadis un pays voisin et qui avait peur de faire pas et qu'à force de ne pas bouger les gens de ce peuple étaient devenus des arbres. Des arbres qui pensaient et qui voulaient parler mais qui ne pouvaient articuler mot et qui restaient désespérer immobiles et muets.
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...Dieu en humaine personne, Dieu en chair et en os, ou à moins encore de considérer tous les hommes comme les émissaires de Dieu, en ce que, par leur foi en Dieu, ils faisaient exister Dieu, et qu'à ce titre, c'étaient donc les hommes qui avait créé Dieu et non l'inverse...

Page 228
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Le promontoire


5.

Là encore, en haut de son promontoire, une scène se déroulant dans la vallée paraissait parfois tellement proche à l'ourse et éveillait tellement sa curiosité, ou sa crainte, qu'elle poussait un grognement bref, un hoquet surpris, puis qu'elle se levait et trépignait sur place, comme souffrant d'impatiences, et qu'elle faisait bêtement, c'est bien le cas de le dire, un tour sur elle-même, avant de se rasseoir, inexplicablement rapaisée.
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Elle partirait le lendemain, […] elle alla une dernière fois sur le banc dans le parc avec le jeune infirmier, […] puis le jeune infirmier se mit à lui parler sans la regarder et lui dit qu’il ne bénirait jamais assez le jour où elle avait été hospitalisée parce que c’était ainsi qu’il avait pu la rencontrer, et il lui dit qu’elle était un être rare et beau et qu’il était heureux qu’elle existe, et il lui dit qu’il ne savait pas ce qui s’était vraiment passé pour elle mais que c’était sans doute quelque chose d’effroyable, […] mais il dit que, quoi qu’il se soit passé, ça n’avait pas pu entamer sa valeur et sa beauté…
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