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Critiques de Marc Restellini (11)
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Valadon - Utrillo. Au tournant du siècle à Mont..

La mère et le fils. Un couple d'artistes, deux styles si différents. La gourmandise des couleurs de Suzanne Valadon et les rues vides aux fenêtres noires sous un ciel plombé chez Maurice Utrillo. Ce livre est court, on n'aurait pas pu faire plus court. C'est un raccourci des misères d'artiste.

Très belle femme, Suzanne Valadon avant de devenir une artiste épanouie est d'abord modèle. Après trois cents lettres d'amour d'Éric Satie, elle épouse un employé de la Banque de France et s'installe bourgeoisement rue Cortot à Paris. Petit, Maurice (né quand elle avait encore 18 ans), vit avec sa grand-mère. Il grandit mal, prostré pendant des heures dans un coin ou piquant des colères terribles. Très tôt Maurice prend l'alcool pour compagnon. « Grâce à son beau-père, il entre au Crédit Lyonnais… où un soir il frappe sans raison l'un de ses collègues à coup de parapluie. On redonne aussitôt la liberté au beau-fils de Monsieur Mousis ».

À l'âge de 21 ans Paul Mousis envoie Utrillo à l'asile. À son retour, alors qu'il erre dans la campagne, il fait connaissance d'André Utter, ancien élève des Beaux-arts. Grâce à lui Maurice se met à peindre dans un style proche des impressionnistes. Mais Suzanne tombe amoureuse d'Utter qui a 21 ans de moins qu'elle. « Elle l'invite à venir poser nu pour un Adam. Elle sera Ève. Divorce d'avec Paul Mousis. » Maurice, jaloux, se sent trahi. Il s'installe en plein Montmartre et coupe son lien avec les impressionnistes. Commence alors la période blanche qui est l'apogée d'Utrillo. le bonheur n'existe pas ! disent ses oeuvres. Il utilise du plâtre pour rendre ses façades les plus blafardes possibles. Les internements s'enchaînent. le personnel hospitalier et les bistrotiers lui prennent ses toiles contre une bouteille. le reste récupère Suzanne, « pour faire bouillir la marmite » car le couple Valadon-Utter doit vivre grand train… Suzanne pose des couleurs avec une brusquerie des fauves, enferme les corps dans un cerne noir. Sa production est d'une qualité hors du commun. Pourtant les toiles de Valadon se vendent mal alors qu'Utrillo commence à intéresser des marchands. En 1918 Utrillo s'échappe d'un asile en pyjama. Il casse verres et bouteilles avec Modigliani.

Après la guerre ses tableaux s'écoulent à prix d'or. Célèbre, Maurice reçoit même la Légion d'honneur. Une veuve fortunée l'apprivoise et ils se marient. Il entre en religion. Mais il finit par s'échapper de la cage dorée...

Et la vie passionnée de Suzanne ? Elle finit seule avec ses chiens, ramène des clochards dans son lit…

L'auteur de ce livre jongle avec ses vastes connaissances en matière de l'art. On est au cirque. Sans larmes, sans grande analyse, il nous divertit. Il y a plusieurs photos intéressantes, en éventail.

Je sais qu'il existe un magnifique portrait d’Éric Satie réalisé par Valadon en 1892-1893 mais il n’est pas dans le livre. Alors que le portrait qu’elle a fait de Maurice en 1921, dans le même esprit, y est, il a même l’honneur d’être sur la couverture !

Avant tout ce livre éveille notre curiosité pour l'étrange tandem Valadon- Utrillo. Et, si on compte Utter, tandem ou trio ?

Je projette de lire le livre d'Alexandra Charvier « Utrillo, Valadon, Utter : 12 rue Cortot : un atelier trois artistes », ainsi que « La trinité maudite – Valadon, Utter, Utrillo » de Robert Beachboard. Je vous dirai des nouvelles !



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L'âge d'or hollandais : De Vermeer à Rembrandt

*****



Le Rijksmuseum d'Amsterdam s'est séparé de quelques-unes des oeuvres qui font sa richesse et les a confiées à la France pour quelques mois. Quelle chance car l'on n'est pas prêt de les revoir en France !

La Pinacothèque de Paris n'en croyait pas ses yeux : de nombreux chefs-d'oeuvre hollandais venant de l'un des plus beaux musées européens lui arrivaient d'un coup. Les visiteurs vinrent nombreux, avides de cet art hollandais qui connut au 17ème siècle un état de grâce submergeant la peinture européenne de ce Siècle d'or.



Au 17e, pour la première fois, au Pays-Bas, ce n'est plus l'histoire sainte, la mythologie grecque ou l'histoire qui deviennent le thème central du tableau, mais la vie quotidienne des gens.

Un art libre s'installe. le peuple néerlandais est prospère et la demeure familiale s'impose comme le modèle idéal pour le pays. Les principaux acheteurs deviennent des bourgeois aisés. Les peintres se spécialisent en fonction de la demande et de leurs goûts propres : portraits, paysages, natures mortes, églises et scènes de genre. L'art est présent partout, même dans les demeures les plus humbles.

Quelques uns des plus grands peintres de l'histoire mondiale de la peinture s'épanouissent dans cet âge d'or : Rembrandt, Vermeer et Hals rayonnent, accompagnés par un bouquet de peintres exceptionnels aux talents variés.

Je vous présente quelques peintures les plus représentatives de cette exposition exceptionnelle.



« La lettre d'amour » - Johannes Vermeer : Je suis resté longtemps planté devant cette minuscule toile, l'oeuvre majeure de l'exposition. le maître de Delft nous fait pénétrer dans l'intimité d'un intérieur bourgeois par une porte judicieusement entrouverte. Deux jeunes femmes sont placées au centre de la pièce en pleine lumière. Il s'agit d'une mise en scène, comédie muette de gestes et de regards, ressemblant à un décor de théâtre. Une servante vient d'interrompre son travail pour remettre une missive à sa maîtresse qui se distrait en jouant du luth. Soucieuse, la musicienne arrête de jouer, redoutant l'ouverture de l'enveloppe. Lèvres entrouvertes, l'inquiétude amoureuse se lit dans son regard qui interroge la servante : rupture ou rendez-vous ? La lumière magique de Vermeer arrive par la gauche et tombe en plein sur les personnages.



« le reniement De Saint-Pierre » - Rembrandt : A tout seigneur, tout honneur ! Rembrandt est considéré comme un des plus grands peintres de tous les temps : génie universellement admiré.

Toute la virtuosité du peintre est concentrée dans cette grande toile montrant une scène biblique. « On ne peut voir un Rembrandt sans croire en Dieu, disait Van Gogh ».

Quel morceau de peinture ! J'ai pensé un instant à une toile de Georges de la Tour.

Une obscurité aux tonalités brunes est percée d'une lumière irréelle qui jaillit en son centre. Cette clarté provient d'une bougie dont la lueur traverse la main d'une servante et éclabousse l'habit et le visage De Saint-Pierre : ambiance crépusculaire, transparences lumineuses, couleurs monochromes. Surnaturel…



« Nature morte de fleurs sur une table de marbre » - Rachel Ruysch : Pas facile d'être une femme peintre à cette époque ! Fille de botaniste et femme de peintre, elle acquiert une technique éblouissante dans la peinture des fleurs. La finesse dans le rendu des détails est d'une précision étonnante.



« Portrait d'homme » - Frans Hals : Ce peintre est incontestablement le plus talentueux avec Rembrandt dans l'art du portrait. Une liberté de touches sans rivale à Haarlem où il résidait. Il avait le talent de fixer à grands traits, par des coups de pinceaux forts et vivaces, l'impression fugitive donnée par ses modèles.



« Jeune fille en costume de paysanne » - Gérard Ter Borch :

Une impression d'éternité poétique se dégage de la jeune femme fille. le clair-obscur, la virtuosité des coloris, la douceur de la lumière ne sont pas très éloignés des toiles de Vermeer. Les deux hommes devaient d'ailleurs être intimes car Ter Borch apposa sa signature sur un acte notarié, à côté de celle de Vermeer, deux jours après le mariage de celui-ci.



« Scène d'intérieur avec une mère épouillant son enfant » - Pieter de Hooch : cet artiste fut l'artiste novateur de cette nouvelle peinture de genre hollandaise représentant la vie quotidienne dans des scènes familiales d'intérieurs bourgeois ouverts sur des cours illuminées où des enfants s'amusent. C'est un éloge de la vie domestique dans un foyer hollandais net et serein…



« Femme à sa toilette » - Jan Steen : J'adore ce peintre ! Un surdoué ! On retrouve son humour décapant dans beaucoup de ses toiles montrant de nombreux personnages de milieu populaire dans des ambiances festives. Ce sont des scènes burlesques ou des représentations des faiblesses humaines : ivrognerie, amour vénal, gourmandise, jeux.

La jeune femme, probablement une courtisane, fait sa toilette dans une attitude un brin érotique. Son visage souriant semble indiquer qu'elle est satisfaite d'elle-même et de son pouvoir de séduction. Cela ne semble pas émouvoir le petit chien qui a pris la place dans le lit…



Je termine avec une dernière toile de Rembrandt.

« Portrait de son fils Titus, habillé en moine » : A cette époque, le peintre est vieillissant, fatigué. Sa femme Saskia et trois de ses enfants sont morts. Ce portrait exprime de la tristesse. Une lumière céleste semble éclairer le visage du jeune homme qui émerge de l'obscurité ocre. Rembrandt pressent-il que ce fils mourra avant lui à 27 ans ?

« Pour peindre comme ça, il faut être mort plusieurs fois, disait Van Gogh ».



De nombreux autres peintres présents dans l'exposition auraient pu figurer dans cette présentation. Mais il fallait faire un choix pas facile…



***




Lien : http://www.httpsilartetaitco..
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L'âge d'or hollandais : De Vermeer à Rembrandt

La pinacothèque de Paris s'est associée plusieurs fois avec le Rijksmuseum d'Amsterdam pour présenter le XVIIème siècle Hollandais, époque faste aux talents artistiques majeurs dont l'un des plus fameux: Rembrandt.



"A travers l'Art, il s'agit de comprendre comment une jeune république (1581) va, grâce à sa réussite commerciale et sa tolérance de pensée devenir l'une des puissances commerciales les plus fortes d'Europe."



La Hollande connut une magistrale réussite avec son empire Outre-mer et la compagnie des Indes Orientales s'appuyant sur une flotte prospère de navires marchands et une Marine d'Etat hautement qualifiée.



Cet ouvrage luxueux nous en fait un rappel clair et complet dans une introduction historique et sociétale pour ensuite nous faire decouvrir les œuvres picturales, les talents des orfèvres, les objets d'art que sont les verreries, les majoliques, les faïences de Delft et les porcelaines.



Un papier de haute qualité, des photographies très belles, riches de gros plans pour les détails, avec une pagination s'ouvrant parfois en triptique.

Un très beau catalogue d'Art et d'Histoire.
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Le pressionnisme, les chefs-d'oeuvre du gra..

une bien sympathique exposition sur le PRESSIONNISME à la Pinacothèque, pour un public curieux et/ou qui apprécie l'art urbain.

Le street art, connu de tous, fait partie de notre quotidien. Il a ouvert la voie au Pressionnisme, considéré depuis peu comme un nouvel art, en référence à l'utilisation de la bombe aérosol.

Tag sur toile, signature ou pièce graffiti, mouvement social, mouvement artistique, cette expo nous fait rencontrer des artistes comme Futura, Toxic, Rammellzee, Bando, certainement moins connus que les Basquiat ou Keith Haring.
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Edvard Munch ou L'anti-cri

Munch mettait ses toiles dehors, à l'extérieur pour leur donner la patine du temps, peut-être était-ce aussi l'assurance que ses toiles étaient l'émanation pure de sa vie intérieure qu'il fallait libérer.
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Georges Rouault



Georges Rouault



J'aime Georges Rouault, voilà, c'est tout. Il me parle avec ses Christ, ses couleurs, ses scènes bibliques me fascinent. Il fut le meilleur peintre religieux du 20e siècle. Il fut marié à la soeur de Henri le Sidaner, on lui fit à Paris des obsèques nationales. Malraux l'admirait. Il avait pour ami Matisse, l'écrivain Suarès. Ses gros cernes noirs donnent un aspect tragique à son oeuvre. Il peignait outre ce que j'ai dit des femmes de cirque, des clowns (tristes), c'est l'humanité souffrante qui ressort de sa peinture. On l'a vu avec les fauves, sa facture était expressionniste. Il a eu sa période de vitraux : l'ont-ils quitté d'ailleurs ? J'y vois des airs de Chagall, Friesz, Kokoschka, Ensor, Daumier aussi moins le politique, moins la satire..



Il n'est pas dans mon top ten, mais il frise, il est en voie ascendante



En 1948, il brûla 315 de ses toiles en présence d'un huissier. Au moins on est sûr que les marchands maquignons n'auront pas eu celles-là !



Il est mort en 1958 à Paris, il avait 87 ans. En 1957, il s'est arrêté de peindre, parce qu'il ne pouvait plus physiquement le faire j'imagine.



Une palette extraordinaire, vraiment ! le temps de mon billet, je pense qu'il a encore gravi quelques marches dans mon estime !..



Jeudi 30 mai 2024.

Je reviens sur Rouault car j’en ai éprouvé le besoin ce matin. Je puis ajouter que sa naissance dans les pires conditions à Paris en 1870, il l’a surmontée comme par miracle. Le destin peut-être a voulu qu’il travaille chez un fabriquant de vitraux à 14 ans.. sa production d’artiste ensuite ne manquera pas de rappeler ces façonnages d’artisan. Peindre des Christ sera sa vocation, il vénérait le Christ, probablement il le protégeait dans sa vie courante et le lui rendant bien. On imagine de ce pas toutes sortes d’humiliations qu’il a connues dans sa toute jeunesse et qu’il s’engouffra de sa foi dans cette voie d’inspiration divine qui ne le quittera jamais. Sans être forcément chrétien, il me semble qu’on peut admirer chez Georges Rouault cet attachement divin qui a amené le peintre au premier plan des peintres religieux du 20 e siècle, ce rapport qui aboutit à une sorte de transfiguration, il faut en être habité parfois quand la destinée s’engage mal, très mal. Je n’ai aucun conseil à prodiguer là-dessus ..
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De Fra Angelicoà Bonnard : chefs-d'oeuvre de ..

Promenade à travers des chef-d'oeuvre du XVe au XXe siècle.

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De Fra Angelicoà Bonnard : chefs-d'oeuvre de ..

Une très bonne sélection des plus grandes œuvres de la peinture qui ont traversé le époques, de la renaissance italienne aux peintures post-guerre. À lire et feuilleter sans modération pour (re)découvrir des chefs-d'œuvre malheureusement oublié par le temps, d'autant plus que ce collectif s'attache à présenter plusieurs grandes nations quant à la peinture (école flamande, école anglaise, école allemande, ...). Bref, toutes les sensibilités peuvent s'y retrouver!
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De Fra Angelicoà Bonnard : chefs-d'oeuvre de ..

Alors que la plupart des grands collectionneurs se sont intéressés à une période particulière, voire à un seul artiste, le docteur Rau a choisi de couvrir cinq siècles d'histoire de l'art occidental. De Fra Angelico à Bonnard, la collection ne laisse de côté aucune Ecole, aucune période, aucune aire géographique en Europe jusque dans les années 1950. Elle est sans doute la dernière collection privée de cette qualité à l'égale des plus grandes, la collection Frick à New York ou la collection Thyssen-Bornemisza à Madrid.

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Soutine

Un ouvrage très bien documenté, qui propose à la fois une biographie complète de cet artiste expressionniste, et de nombreuses planches (dont certains détails de tableaux)
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L'Or des Incas. Origines et mystères.

Pour savoir comment était l'exposition il faut aller lire le billet sur le lab :-)



Et Quid du catalogue? A acheter, forcément, ne serait-ce que parce que 1/ il est joli et 2/ parce-que celui-là inclut vraiment beaucoup de littérature et nous offre un vrai cours sur les civilisations péruviennes pré-hispaniques. On apprend beaucoup de choses, et on adore.
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