AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Henri-l-oiseleur


L'autorité suprême, c'est le texte. Beaucoup d'écrits en étaient revêtus parce qu'on les considérait comme très anciens, statut que les scribes mésopotamiens ne cessèrent d'exalter au fil du temps. Le savant Bérose, vivant à l'époque hellénistique, disait : certains écrits sont plus anciens que le Déluge, et avaient survécu parce que le dieu de la sagesse avait ordonné à Xisouthros, le Noé mésopotamien, de les enterrer. On ne reconnaissait que rarement la notion d'auteur, parce que les textes étaient des sources de savoir autonomes qui augmentaient souvent de leur propre mouvement. Les hommes les interprétaient, les bricolaient parfois en modifiant leur contenu, mais ils ne les remettaient jamais en question. L'acquisition du savoir résultait de l'étude des textes, corpus gigantesque qu'il fallait maîtriser. Ce que l'on nommait modestement "l'art du scribe", /tupsharûtu/ en akkadien, à son plus haut niveau, exigeait une connaissance approfondie d'une vaste littérature aux genres multiples. (...) Les règles de la compréhension textuelle était à la base de la compréhension de la réalité. "Ce que l'on connaît n'est pas la nature, mais les textes". Pour revenir au "Mythe babylonien de la Création" dont j'ai parlé au chapitre 1, on ne connaissait pas les pouvoirs du dieu Marduk en observant leurs effets dans la réalité, mais en analysant les cinquante noms du dieu, porteurs de toute l'information nécessaire. Quand les savants levaient la tête de leur tablette pour regarder le ciel nocturne, ou les entrailles d'un agneau sacrifié, ils voyaient du texte et lisaient chaque aspect comme s'il était un signe cunéiforme dans une phrase écrite.

pp. 192-193
Commenter  J’apprécie          60





Ont apprécié cette citation (6)voir plus




{* *}