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Citation de Woland


[...] ... Une dernière résistance se manifesta en moi. Je sentis une lutte à laquelle je ne prenais réellement pas part, une lutte soutenue par cet égoïsme profond qu'on ne connaît jamais et qui gouverne l'être. Puis des idées vinrent flotter devant mon esprit - idées qui ne m'appartenaient pas, que je ne savais pas créer, auxquelles je ne reconnaissais rien de commun à ma substance, perfides et attirantes comme l'eau noire vers laquelle on se penche.

L'une d'elle était l'assassinat. Mais je ne le concevais plus comme une œuvre pleine de terreur, accomplie par Jud, comme l'issue d'une épouvante sans nom. Je l'éprouvais possible, avec quelques lueurs de curiosité et un anéantissement infini de tout ce qui avait jamais été ma volonté.

Alors l'homme voilé se leva, et, me regardant fixement sous son voile de chair humaine, il se dirigea à pas glissants vers le voyageur endormi. D'une main, il lui saisit la nuque, fermement, et lui fourra en même temps dans la bouche un tampon de soie. Je n'eus pas d'angoisse, ni le désir d'un cri. Mais j'étais auprès et je regardais d'un œil morne. L'homme voilé tira un couteau du Turkestan mince, effilé, dont la lame évidée avait une rigole centrale, et coupa la gorge au voyageur comme on saigne un mouton. Le sang gicla jusqu'au filet. Il avait enfoncé son couteau du côté gauche, en le ramenant vers lui d'un coup sec. La gorge était béante : il découvrit la lampe, et je vis le trou rouge. Puis il vida les poches et plongea les mains dans la mare sanglante. Et il vint vers moi, et je supportai sans révolte qu'il barbouillât mes doigts inertes et ma figure, où pas un pli ne bougeait. ... [...]
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