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Citations de Marcel Schwob (126)


Ne sois l’esclave d’aucun vêtement, ni d’âme ni de corps.
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Regarde toutes choses sous l’aspect du moment.
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On dit que saint Jean se nourrissait de sauterelles dans le désert. Il faudrait en manger beaucoup. Mais saint Jean n’était point un homme fait comme nous.
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Et, entrant dans sa chambre, avec sa lampe à la main, Ilsée fut surprise car l'autre Ilsée, une lampe à la main, s'avançait vers elle, le regard triste. Ilsée leva sa lampe au-dessus de sa tête et s'assit sur son lit. Et l'autre Ilsée leva sa lampe au-dessus de sa tête et s'assit près d'elle.
-Je comprends bien, pensa Ilsée. La dame du miroir est délivrée. Elle est venue me chercher. Je vais mourir.
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La science historique nous laisse dans l'incertitude sur les individus.
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Bonaparte le tueur, à dix-huit ans, rencontra sous les portes de fer du Palais-Royal une petite prostituée. Elle avait le teint pâle et elle grelottait de froid. Mais"il fallait vivre", lui dit-elle. Ni toi ni moi, nous ne savons le nom de cette petite que Bonaparte emmena, par une nuit de Novembre, à l'hôtel de Cherbourg.
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Marcel Schwob
Confesse-toi et tu seras délivré ; remets entre mes mains ta violence et ton souvenir et je les détruirai ; car toute confession est une destruction .

["Le livre de Monelle" ]
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La salle était vieille et haute. Partout brûlaient de petites chandelles vertes et roses dans les chandeliers d’étain minuscules. Contre les murs, les petites glaces rondes paraissaient des pièces de monnaie changées en miroirs. On ne reconnaissait les poupées d’entre les enfants que par leur immobilité. Car elles restaient assises dans leurs fauteuils, ou se coiffaient, les bras levés, devant de petites toilettes, ou elles étaient déjà couchées, le drap ramené jusqu’au menton, dans leurs petits lits de cuivre. Et le sol était jonché de la fine mousse verte qu’on met dans les bergeries de bois.

Il semblait que cette maison fût une prison ou un hôpital. Mais une prison où on enfermait des innocents pour les empêcher de souffrir, un hôpital où on guérissait du travail de la vie. Et Monelle était la geôlière et l’infirmière.
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Une nuit de pleine lune, la rêveuse se leva comme une assassine, et prit un marteau. Elle brisa furieusement six cruches , et la sueur d'angoisse coulait de son front. Les vases claquèrent et s'ouvrirent : ils étaient vides.
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J'ai couché une fois dans une maison hantée.
Je n'ose pas trop raconter cette histoire, parce que je suis persuadé que personne ne la croira.
Très certainement cette maison était hantée, mais rien ne s'y passait comme dans les maisons hantées.
Ce n'était pas un château vermoulu perché sur une colline boisée au bord d'un précipice ténébreux.
Elle n'avait pas été abandonnée depuis plusieurs siècles.
Son dernier propriétaire n'était pas mort d'une manière mystérieuse ...
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Parce que je suis seule, tu me donneras le nom de Monelle. Mais tu songeras que j’ai tous les autres noms.

Et je suis celle-ci et celle-là, et celle qui n’a pas de nom.

Et je te conduirai parmi mes sœurs, qui sont moi-même, et semblables à des prostituées sans intelligence ;

Et tu les verras tourmentées d’égoïsme et de volupté et de cruauté et d’orgueil et de patience et de pitié, ne s’étant point encore trouvées ;

Et tu les verras aller se chercher au loin ;

Et tu me trouveras toi-même et je me trouverai moi-même ; et tu me perdras et je me perdrai.

Car je suis celle qui est perdue sitôt trouvée.
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Avant de te voir, j'en avais un grand désir. Avant que tu naisses, j'étais dans une grande inquiétude. Quand je t'ai vu naître, je fus remplie de bonheur et de joie. A présent que je te vois mort, je suis remplie de chagrin. Il me pèse que ma fin tarde tant à venir.

( la vie de saint Alexis )
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Je lisais cette nuit-là, et mon doigt suivait les lignes et les mots ; mes pensées étaient ailleurs. Et autour de moi tombait une pluie noire, oblique et acérée. Et le feu de ma lampe éclairait les cendres froides de l’âtre. Et ma bouche était pleine d’un goût de souillure et de scandale ; car le monde me semblait obscur et mes lumières étaient éteintes. Et trois fois je m’écriai :

— Je voudrais tant d’eau bourbeuse pour étancher ma soif d’infamie.
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Enfin, elle vida son cœur, et voici ce qu’elle dit : « J’ai assez de ton Paris qui mange, qui dévore, qui vomit tout ; les maisons sont remplies de femmes qui meurent et d’hommes qui les exploitent ; tous les hôtels sont de terribles repaires ; tous les cafés sont des antres où quelque bête vous guette. Quand on s’amuse, on a du bois peint ou du gaz sur la tête ; quand on rit, on éclabousse sa poudre et on fait craquer sa peinture ; quand on pleure, on n’a pas d’endroit où on puisse poser sa tête sans entendre un ricanement. Si vous êtes malade, vous trouvez l’hôpital avec ses lits blancs qui ont déjà l’air de linceuls. Vous êtes salie avant d’avoir aimé ; et si vous aimez, une autre vous trahit. Les rues sont pleines d’affamés de pain et d’amour. On vole partout, ici. On vole dans votre poche et on vole dans votre cœur. Personne n’a rien d’assuré ; rien n’est solide, même pas les vêtements (elle mettait son costume en lambeaux). Personne n’a pitié de vous ; ni les hommes qui rient, ni les femmes qui vous en veulent, ni les terribles enfants, plus cruels que tous. J’ai vu une femme, par une nuit d’hiver, sous une porte cochère, avec une troupe de jeunes gens qui la raillaient, et la malheureuse pleurait, pleurait. On n’a pas le temps d’avoir pitié. À peine si on a le temps de faire pitié. On passe du salon d’un café au trottoir de la devanture, et puis au tas que les balayeurs enlèvent le matin. C’est très vite fait : trois ans, quatre ans — à la hotte, tout ça !
« Je veux m’en aller. Je retournerai chez nous, à la campagne. »
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"Mais elle pleurera, elle, à ton silence; passée aux bras d'un autre, elle te regrettera toute sa vie, et tu auras corrompu sa destinée. Oui, elle pleurera, durant huit jours, d'un regret mêlé de dépit; elle rougira et pâlira tour à tour à mon nom; elle soupirera même, sans le vouloir, à la première nouvelle de ma mort. Mais, dès la seconde pensée, elle se félicitera d'en avoir épousé un qui vit; chaque enfant de plus l'attachera à sa condition nouvelle; elle y sera heureuse, si elle doit l'être; et, arrivé un jour au terme de l'âge, à propos d'une scène d'enfance racontée un soir à la veillée, elle se souviendra de moi par hasard, comme de quelqu'un qui s'y trouvait présent et qu'elle aura autrefois connu."

( Vie de Joseph Delorme )
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Que toute joie soit en toi le passage d’un insecte qui va s’envoler. Ne te referme pas sur l’insecte suceur. Ne deviens pas amoureux de ces cétoines dorées.
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Je vous ai exposé la dernière fois comment le Grand Testament de François Villon devait être considéré comme un phénomène social, et cela à un double point de vue :
1° L’œuvre imaginée sous l'influence d'un état social;
2° L’œuvre destinée à réagir sur cet état social.
(...) Le Grand Testament est un pamphlet dirigé contre les riches.
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Ne joue pas avec les morts et ne caresse point leurs visages. Ne ris pas d’eux et ne pleure pas sur eux : oublie-les.
Ne te fie pas aux choses passées. Ne t’occupe point à construire de beaux cercueils pour les moments passés : songe à tuer les moments qui viendront.

Aie de la méfiance pour tous les cadavres.

N’embrasse pas les morts : car ils étouffent les vivants.

Aie pour les choses mortes le respect qu’on doit aux pierres à bâtir.
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-"Je me doute qu'Elise écouta, les mains posées dans son giron au creux du tablier, qu'elle regarda beaucoup et avec un étonnement jamais apaisé l'homme fait sous les traits duquel elle cherchait un petit garçon qu'une expression brève parfois lui restituait, une façon de couper son pain, d'attaquer une phrase, de suivre des yeux par la fenêtre l'éclair d'un vol, d'un rayon"

( Vie d'André Dufourneau).
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Le roi masqué d’or se dressa du trône noir où il était assis depuis des heures, et demanda la cause du tumulte. Car les gardes des portes avaient croisé leurs piques et on entendait sonner le fer.
Autour du brasier de bronze s’étaient dressés aussi les cinquante prêtres à droite et les cinquante bouffons à gauche, et les femmes en demi-cercle devant le roi agitaient leurs mains. La flamme rose et pourpre qui rayonnait par le crible d’airain du brasier faisait briller les masques des visages. À l’imitation du roi décharné, les femmes, les bouffons et les prêtres avaient d’immuables figures d’argent, de fer, de cuivre, de bois et d’étoffe. Et les masques des bouffons étaient ouverts par le rire, tandis que les masques des prêtres étaient noirs de souci. Cinquante visages hilares s’épanouissaient sur la gauche, et sur la droite cinquante visages tristes se renfrognaient. Cependant les étoffes claires tendues sur les têtes des femmes mimaient des figures éternellement gracieuses animées d’un sourire artificiel. Mais le masque d’or du roi était majestueux, noble, et véritablement royal. Or le roi se tenait silencieux et semblable par ce silence à la race des rois dont il était le dernier. La cité avait été gouvernée jadis par des princes qui portaient le visage découvert ; mais dès longtemps s’était levée une longue horde de rois masqués. Nul homme n’avait vu la face de ces rois, et même les prêtres en ignoraient la raison.
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