Les morts.
Les morts, qui d’abord nous soudent, nous fondent, nous confortent au sein même de notre propre société autarcique et secrète. Tous les trois comme un seul être. Les morts qui nous font unique et fort.
Et puis les morts qui finissent, à la longue, par nous séparer.
Parce qu’il y a leurs visages derrière chaque miroir. Parce que leurs bras tendus, leurs mains décharnées qui refont surface, leurs griffes qui s’accrochent aux parois. Parce que leurs os qui craquent sous chacun de nos pas et sous chacun de nos silences le grouillement de leurs voix, les chuchotis, les râles, pas une nuit, pas une seule seconde de répit. Parce que leurs âmes qui nous envahissent et partout nous accompagnent.
Les morts.
Si vous les oubliez, eux ne vous oublient pas.