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Citation de migdal


Le jour de l'inauguration du monument élevé à la mémoire des combattants du ghetto de Varsovie, une marche dans la ville fut organisée. Par trains, par camions, arriva tout ce qui restait de plus de trois millions de Juifs polonais : soixante-quinze mille rescapés des camps et des maquis — un sur quarante.

C'était au mois de mai. Il faisait beau et le soleil jouait à travers les vitres brisées des façades encore debout. On avait déblayé un passage dans les rues dévastées. Nous marchions en silence dans les allées de
ce cimetière qu'était devenue Varsovie. Je me rappelle ce silence, que rompaient seulement le bruit de nos pas et le claquement des drapeaux — des drapeaux rouges, des drapeaux bleu et blanc. Des Polonais, venus des quartiers intacts, nous regardaient. Ils semblaient surpris que nous ne fussions pas tous morts. Certains crachaient devant eux dans la poussière. « Comme des rats, entendions-nous ici et là. Ils sont comme des rats ! On a beau les tuer tous, ils sont toujours là. »

Nous serrions les poings en silence. La consigne était de ne pas répondre. Face à ces gens installés dans ce qui demeurait de nos maisons — cages d'escalier, pans de murs, cheminées calcinées —, j'avais pourtant envie de chanter le Chant des partisans juifs.

Du pays des palmiers
Et de celui des neiges blanches,
Nous venons avec notre misère,
Notre souffrance.

Ne dis jamais
Que tu vas ton dernier chemin.

Le jour plombé
Cache le bleu du ciel.
Notre heure viendra.
Notre pas résonnera.
Nous sommes là !

Et nos pas résonnaient, et nous étions là.
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