AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Helenesd


Alors elle s'enfonça peu à peu dans un sommeil agité.
Elle se trouvait dans une contrée étrange où le brouillard formait des tourbillons si épais qu'elle ne pouvait voir sa main devant elle. Sous ses pieds, le sol se dérobait. C'était un pays hanté, il y régnait un calme terrible et elle était perdue, perdue et terrorisée comme un enfant dans la nuit. Elle souffrait cruellement du froid et de la faim et elle avait si peur de ce qui se dissimulait derrière le rideau de brume qu'elle essaya de crier mais elle en fut incapable. Quelque chose se mouvait dans le brouillard, des doigts se tendaient pour agripper sa robe, pour l'attirer dans une crevasse de la terre qui tremblait, des mains silencieuses, impitoyables, des mains de spectre. Alors, elle devina qu'au-delà des ténèbres opaques il y avait un abri, du secours, un havre où elle serait en sûreté, où elle aurait chaud. Mais où était-ce ? Pourrait-elle l'atteindre avant que les mains se refermassent sur elle et qu'elles l'eussent entraînée vers des sables mouvants ?
Soudain elle se mit à courir, à courir comme une folle dans le brouillard. Elle pleurait, elle hurlait, elle tendait les bras en avant pour ne saisir que du vent et le brouillard humide. Où était ce refuge ? Elle n'arrivait pas à le découvrir, mais il était là, il existait, il était caché quelque part. Si seulement elle parvenait à l'atteindre, elle serait sauvée ! Mais la peur lui paralysait les jambes, la faim la faisait défaillir. Elle poussa un cri de désespoir et se réveilla tandis que Mélanie, penchée sur elle, le visage inquiet, la secouait tant qu'elle pouvait.
Chaque fois qu'elle se coucha l'estomac vide, elle refit ce rêve. Et cela lui arriva assez souvent. Il l'effrayait à tel point qu'elle avait peur de dormir, bien qu'elle ne cessât de se répéter qu'il n'y avait vraiment rien d'effrayant dans un rêve pareil. Non, rien... pourtant elle était si épouvantée à l'idée de se retrouver dans cette contrée remplie de brouillard qu'elle commença à prendre l'habitude de coucher avec Mélanie, qui avait pour mission de la réveiller lorsque ses gémissements et ses soubresauts indiqueraient qu'elle était de nouveau en proie à son cauchemar.
La tension nerveuse la fit pâlir et maigrir. Les rondeurs charmantes de ses joues disparurent et ses pommettes saillirent, accentuant la forme bridée de ses yeux verts, lui donnant l'air d'un chat affamé en quête de quelque chose à voler.
"La journée ressemble déjà assez à un cauchemar comme cela sans que j'aille me mettre à rêver la nuit", se dit-elle avec désespoir, et elle se mit à manger juste avant de se coucher ce à quoi elle avait droit chaque jour.
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}