Citation de ValseN
- Qu'est-ce que l'amour de sympathie ?
- Disons le sentiment profond de tendresse pour une créature, quelle qu'elle soit, qui partage les mêmes hasards, les mêmes vicissitudes que nous. Cela, je le sens très fort, mais ce n'est pas exactement ce que les gens appellent l'amour dans les romans ou au théâtre. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, de ce que l'on nomme si mal " l'amour platonique"; il s'agit d'un lien, charnel ou non, sensuel toujours, quoi qu'on fasse, mais où la sympathie prend le pas sur la passion. Je dois dire aussi qu'il y a une chose qui m'a toujours beaucoup gênée dans la notion française de l'amour, et peut-être dans toutes les conceptions européennes de l'amour, c'est l'absence du sacré, le fait que, par notre éducation chrétienne ou disons post-chrétienne, par toute la psychologie qui nous précède depuis quinze cent ans, nous avons perdu le sentiment que l'amour, ou plus simplement que les liens sensuels sont sacrés, ou même les rapports journaliers. Ils sont sacrés, ces rapports sensuels, parce qu'ils sont l'un des grands phénomènes de la vie universelle. Au contraire de l'épousée hindoue, qui a le sentiment d'être une déesse, de représenter pour un moment Sita unie à Rama, la plupart des amants ne sentent rien de pareil ; au contraire, si par hasard l'un des deux a ce sentiment du sacré, il est très douteux que l'autre l'éprouve au même moment. Il y a bien davantage un arrière-fond dans lequel la sensualité est jugée comme grossière. Le sacré semble assez absent, remplacé par la pruderie ou la gaillardise.
- Disons le sentiment profond de tendresse pour une créature, quelle qu'elle soit, qui partage les mêmes hasards, les mêmes vicissitudes que nous. Cela, je le sens très fort, mais ce n'est pas exactement ce que les gens appellent l'amour dans les romans ou au théâtre. Il ne s'agit pas, d'ailleurs, de ce que l'on nomme si mal " l'amour platonique"; il s'agit d'un lien, charnel ou non, sensuel toujours, quoi qu'on fasse, mais où la sympathie prend le pas sur la passion. Je dois dire aussi qu'il y a une chose qui m'a toujours beaucoup gênée dans la notion française de l'amour, et peut-être dans toutes les conceptions européennes de l'amour, c'est l'absence du sacré, le fait que, par notre éducation chrétienne ou disons post-chrétienne, par toute la psychologie qui nous précède depuis quinze cent ans, nous avons perdu le sentiment que l'amour, ou plus simplement que les liens sensuels sont sacrés, ou même les rapports journaliers. Ils sont sacrés, ces rapports sensuels, parce qu'ils sont l'un des grands phénomènes de la vie universelle. Au contraire de l'épousée hindoue, qui a le sentiment d'être une déesse, de représenter pour un moment Sita unie à Rama, la plupart des amants ne sentent rien de pareil ; au contraire, si par hasard l'un des deux a ce sentiment du sacré, il est très douteux que l'autre l'éprouve au même moment. Il y a bien davantage un arrière-fond dans lequel la sensualité est jugée comme grossière. Le sacré semble assez absent, remplacé par la pruderie ou la gaillardise.
