Marie-Andrée Gill

Mon seul chez-nous est un coup de poing dans la viande du coeur

Si vous vous demandez où je suis maintenant, c'est moi, juste là, avec le sourire forcé d'une patineuse artistique qui se relève après avoir fini son triple axel sur le cul.

C'est une histoire d'amour comme toutes mes autres
un autobus écrit Spécial avec personne dedans

J'aurais voulu qu'on se braconne encore un peu,
que tu me recouses la fourrure avec tes mitaines,
que tu me twistes le coeur correct tsé comme on
remet un cadre droit; je t'aurais montré que je sais
sourire avec ça moi la carcasse du mot anxiété.

n'empêche
que je sois
une plasticine manquée
qu'on écrase d'une main sans démêler les couleurs

je te le dis
il poussera des dents aux poignées de main pour
broyer ces coeurs automatiques

je renaitrai trois quatre fois
enfin sans petits suicides sur la rétine

Si vous vous demander où je suis maintenant
c'est moi qui essaie d'écrire de quoi de beau avec le mouillé de la zamboni.

on s'est remplis
de couleurs
qui existent juste
quand on ferme les yeux

Plus je me rapproche de la nature, plus je me sens digne de sa voix, donc de la mienne.

Le dehors est la seule réponse que j'ai trouvée au dedans.

Je pleume les oies pour souper, comme je voudrais le faire pour toi mais à l'envers : te greffer des ailes qui marchent et des cris plein la gorge, que tu puisses voir les fleurs sauvages de mon coeur cru, (...).

J'espère qu'il y aura tout le temps
une craque dans la porte
un petit jour
entre les lignes de notre histoire

Je couche mes restes sur le calorifère et mes oiseaux se cachent pour mourir.

Le dehors est la seule réponse que j'ai trouvée au dedans.

C'est quétaine de même
j'ai eu beau faire trente brassées
je suis pas capable de faire partir
les traces de tes doigts

Où habiter sinon dans le rappel de moments fous et la possibilité qu'ils se reproduisent?

Les jours s'effondrent
et repoussent sur la veille

J'ai voulu apprendre
à lire ta rivière
et le solfège de tes tempêtes

L'amour c'est une forêt vierge
pis une coupe à blanc
dans la même phrase

Souviens-toi les chamans anciens futurologues
le papillon sous la glace et le biscuit chinois

la mémoire du sang
les moins quarante le cœur chaud

je sais je suis encore
une petite adolescence
emballée sous vide
à toucher mes cheveux
pour être belle je sais aussi
les formules qu’on égare
tout doucement
sur les présentoirs et les allées
à tourner en rond
attachés au pieu du réel

l’esprit du bout portant
les ongles la peau l’asphalte

les nuits d’après
à ronger l’équation
des peut-être

il n’y a plus rien dans nos miroirs

allez
rentre à pas d’heure
ne compte plus les chandelles
du désastre

j’assiste les stratégies dérives
sans rien faire

la magie n’existe pas pour les égarés