Marie Cauderlier

Magnifique et courageux récit qui ne peut laisser indifférent. L’auteure relate la tournure d’une vie d’enfants qui évoluent dans la pauvreté, l’irresponsabilité de l’entourage et le placement dans les institutions. J’ai pu me mettre à la place de tous ces enfants tant l’histoire est bien décrite, l’auteur est généreuse dans les détails qui plongent le lecteur dans une réalité insoupçonnable. A ce drame, s’ajoute l’horreur de la pédophilie qui durent des années et qui, dirait-on, personne ne semblent remarquer ou vouloir dénoncer la gravité. J’ai admiré la position de l’auteure qui voue son vécu sans colère, comme si elle pouvait encore excuser les responsables de ce qu’ils lui on t fait vivre. Aucune haine, aucune colère, seulement un récit poignant de vérités. Victime moi-même de maltraitance, quelle n’a pas été la surprise de lire copier collé tous mes sentiments cachés. Il faut le vivre pour le croire, c’est exactement ça. Ce livre m’a permis de comprendre les erreurs que j’avais sans le savoir reporté sur moi-même là ou je n’étais pas responsable. J’ai d’abord été bouleversée mais ensuite, quelle libération de pouvoir mettre le doigt sur les discordances de ma vie, de comprendre ce qui ne se voit pas, parce que l’enfant est né pour obéir avant de comprendre qu’il est maltraité par celui en qui il fait confiance. Comment ne pas grandir dans une effroyable tristesse et un total déséquilibre de la confiance de soi lorsqu’on grandi comme ça, sans parents et sans amour. Il est évident que dénoncer ces actes est une source de critiques, un proverbe dit d’ailleurs qu’il vaut mieux laver son linge sale en famille mais lorsqu’il s’agit de maltraitance d’enfants incapables de se défendre, il FAUT dénoncer et si personne ne l’a fait, autant que la victime le fasse elle-même un jour. Je dis bravo à l’auteure pour tout ce qu’elle a pu aller rechercher au fond d’elle-même pour développer tous ces sentiments d’abandon et de détresse pour nous permettre de comprendre le mal qui ronge les trop petits. Merci d’avoir osé enrayer le silence de la violence plutôt que de se taire pour laisser faire encore.