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Citation de Jean-Daniel


Enfant, Charles Baudelaire voulait être comédien. Dans son poème en prose Les Vocations, il fait dire à un petit garçon qui lui ressemble l’immense plaisir que lui a procuré une tragédie jouée par des hommes et des femmes « bien plus beaux et bien mieux habillés que ceux que nous voyons partout ». Adulte, il reste fasciné par le théâtre, ce lieu enchanteur où la vie a une intensité superlative. Il rêve même d’un jeu dramatique absolument antinaturel où les acteurs marcheraient sur des patins très hauts, porteraient des masques plus expressifs que le visage humain, et parleraient à travers des porte-voix.
Cette fantaisie est très sérieuse, car elle révèle toute l’importance que Baudelaire accorde à l’artifice. À rebours de ses contemporains, il se détourne de la nature dont le spectacle ne l’inspire ni ne l’émeut. Il n’a même que dédain pour les fleurs et les arbres, ces « légumes sanctifiés » par les romantiques et leurs descendants. Les seuls végétaux qui l’intéressent sont ceux qu’une main artiste a sauvés de la banalité, celle d’un paysagiste qui corrige les reliefs, ou celle d’un jardinier qui cultive des plantes rares aux formes contournées. Il en est de même de la femme. Naturelle, elle ne peut être qu’« abominable et vulgaire », seulement capable de satisfaire des besoins physiologiques. Alors que parée et fardée, elle s’élève au-dessus de son animalité originelle « pour mieux subjuguer les cœurs et frapper les esprits ».
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