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3.94/5 (sur 16 notes)

Nationalité : France
Né(e) le : 7/10/1957
Biographie :

Etienne Marie est photographe, auteur de beaux livres sur le grand Sud.

Source : Catalogue de la BNF
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Marie ÉTIENNE — Entretien sur 'Anatolie' (France Culture, 1997) L'émission "Poésie sur parole", par Jean-Baptiste Para, diffusée le 31 mai 1997 sur France Culture. Présence : la poétesse en personne.


Citations et extraits (9) Ajouter une citation
LA MISE À MORT


Nous peignons, nous aussi, la vie telle qu’elle est, mais au-delà… il n’y a rien.

Nous n’avons aucun but, ni immédiat, ni lointain.

Notre âme est vide, écrit Anton Tchekhov dans une lettre à Souvarine.

*

Antoine, de même, se prétend vide, « En moi il n’y a rien », aime-t-il répéter, le carnet du vieil homme trouvé mort dans la rue, décrit dans son poème, n’a que des pages blanches.

Le Roi est nu, désert, il ne s’habite pas, il accueille les autres, il propose son cadre pour que chacun y prenne forme, y invente son art.

Le cadre est vide, tout est possible : la charité suprême ?

*

Ceux qui s’éprennent du Roi désert n’ont d’autre choix que d’en mourir, ou d’en devenir fou

car l’amour est un don sans pitié.

Nina-la-Mouette l’a bien compris après être passée par les Sept Cercles des Sept Douleurs :
le feu, le froid, le vide, la peur,
la solitude, le désespoir,
et le mépris de soi.

*

Moi j’ai choisi d’être à la fois Macha la dédaignée qui survit, dévastée, à la mort de l’aimé,

Nina l’abandonnée qui se relève de l’abandon en devenant sur scène son propre personnage,

la spectatrice quelconque au premier rang d’orchestre qui se prend pour Nina,

*

et la séduite assise parmi les comédiens qui répètent le spectacle :

elle sait qu’elle va craquer, claquer la porte et planter là son séducteur

qui se prend pour Anton qui s’imagine en Trigorine.

*

Je suis celle qui

sourit

au juge sécateur

*

et l’enfant à l’écart, livre posé sur les genoux

qui contemple les larmes, détachées non pas d’elle, mais des mots de la page : « Ils ont pris mon chagrin », dit-elle avec douceur.

La souffrance est passée du visage au papier, du désolé au texte, s’en est allée, s’en est allée jusqu’au constat de l’horizon.
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L'APPEL

Je mets du temps à comprendre les choses
Cette nuit-là je me trouve tirée
Hors du sommeil par une voix d'enfant
Qui paraît loin de ma maison
Je m'a
Venture dans la totale obscurité
Longe la mer atteins un escalier
Légèrement convexe
Il tourne et monte
A une place immense sorte de toit
Du monde où scène de théâtre j'aime
La vérité douteuse des décors
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Elle a les mains le long des cuisses, ses petits pieds
empaquetés dans des chaussettes.
À croire qu’elle est déjà partie.
Les morts ont ce qu’il faut, une maison et parfois
deux, des chaussettes pour leurs pieds.

Merci merci besoin de rien, indifférents même à
l’enfant qu’ils adoraient.
Le public est sceptique.
– Elle m’adorait, criè-je.
Et sur le ton de la conversation :
– N’insistons pas je m’en retourne.

Je m’interroge encore sur sa disparition.
D’un certain point de vue, elle n’est pas morte,
puisqu’elle me rend visite, avec ou sans ma sœur
Iris, toutes deux ni vivantes ni mortes, simplement
écartées de la vie, non débusquables.
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La dictée [chapitre intégral]

Les matins de semaine, je conduisais mon corps au bord de la rivière, espérant le laver, le soigner de son déjà trop lourd passé ; je le rangeais dans son étui après l’avoir soigneusement plié en quatre, comme ma mère m’avait appris, et retournais à mon école, y suivre la dictée du jour.

L’oiseau qui me considérait par la fenêtre et dont la dentition était parfaite avait l’air de souffrir mais je savais de source sûre que c’était pour m’induire en erreur. Quant au platane en trompe-l’oeil dont nous nous réjouissions naguère qu’il mît un frein à l’horizon et qu’il retînt le vide, il commençait à se défaire, à perdre de son jaune.

La séance s’achevait, la maîtresse se levait pour nous laisser partir. Ne restaient dans la classe que trois ouvreuses de dictionnaires, la dactylo et moi. Je n’osais pas. J’appuyai doucement ma main sur ma culotte, le jet fusa, épais et tiède. J’avais peur, juste un peu, juste assez.

Mais la maîtresse ne voyait rien, elle nous tournait le dos, pressée de terminer les bouts de craie qui lui restaient : elle n’aimait pas le gaspillage. Les trois ouvreuses, qui s’estimaient trop mal payées pour fréquenter quoique ce fût hormis les dictionnaires, se plaignaient de la faim et du froid. La dactylo était depuis longtemps montée sur le dada qui figurait au dépliant de son prochain voyage.

Le liquide, cependant, se répandait en vagues qui proliféraient jusqu’à battre l’estrade aux pieds de la maîtresse toujours distraite par sa tâche. J’espérais avoir plus de succès en entamant la phase deux, qui consistait à parsemer la mare de chrysanthèmes gros et blancs, appelés chrysostomes dans le langage des partants.

Je les sortis de mon manchon, ils étaient quinze, ouverts, les lèvres blêmes, le seizième avait froid, ses yeux en étaient bleus, il retourna à la fourrure. La maîtresseme cria, toujours de dos :
– Ava, il est grand temps que tu retournes à la rivière. Tu sais que nous te comprenons.
Elle ajouta «Nous t’attendrons », cette fois face à moi, son visage envahi des couleurs de ses craies avait l’air de flamber, il rayonnait d’une stupide autorité.
– Je reviens tout de suite, lui dis-je en arrêtant le flux, vous préviendrez qu’Ava est en dérangement. Petite Soeur et Cadette étaient devant la porte. Je pris leur main pour traverser et retourner à la maison.
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Enquête sur un chien mort


Le lundi 12 octobre 2017, en préalable à une réunion de l’Association des Amis d’Antoine Vitez qu’elle préside avec sa sœur Jeanne, Marie Vitez lit un poème de son père, écrit le 2 juillet 1978 et dédié à sa femme, Agnès Vanmolder.

« Nous nous sommes avancés sur la plage,
nous avons compris que nous étions seuls, avec ce chien crevé, salé, ensablé, nous avons douté de notre mission politique, sauver la poésie nous semblait une tâche inaccessible. »

Jeanne ajoute quelques mots. Le poème, nous dit-elle, a trait à un voyage en Grèce, où Antoine se rend en compagnie d’Agnès pour aller voir Yannis Ritsos, que le régime des colonels assigne à résidence.

Ce commentaire de Jeanne me permet d’avancer dans la compréhension d’un texte pour moi jusqu’à ce jour énigmatique. « Sauver la poésie ? » En quoi cela consiste-t-il ?

Et s’agit-il vraiment d’une « mission politique » ?

La poésie à cette époque était, certes, en péril. Ne l’a-t-elle pas toujours (ou presque) été ? Il fallait certes la sauver, mais n’était-ce pas de bien grands mots ? Et qu’était ce chien mort, sur lequel le poète s’attardait en termes réalistes ? Simple image poétique ? Si tel était le cas, elle ne pouvait, venant de lui, être gratuite.
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Soir après soir…



Soir après soir
le cœur est arraché
Or qu'est-il arrivé ?
il n'est rien arrivé
tout à l'avance était connu
qu'il n'y avait aucun recours
aucune explication
qu'au lieu de diminuer
l'humiliation de quémander
serait comme autrefois
mais plus parfaite
et sans aucune
compensation
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Il échappe…



Il échappe il se pose il s'envole, quand je m'apprête
à le toucher. Pendant des mois, des mots, je fais ce
rêve idiot,
imaginant qu'il est ma source, mon unique point fixe.
Pardonne-moi, Amour, tu es ce que je puis : un royau-
me appauvri
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Toujours recommencer…



Toujours recommencer, patienter et attendre la
venue de son tour, ignorer la disgrâce tout autant
que la grâce
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Nos débuts…



Nos débuts innocents. Alors que maintenant, il
m'offre des affronts comme si c'était des fleurs
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