Je me rappelle que, la veille de mon départ, ma mère m'avait mise en garde d'une manière assez obscure, que je n'avais pas bien comprise sur le moment. Elle m'avait dit :
- On va te poser des questions sur notre vie ici. Sois honnête, mais ne raconte pas nos difficultés et la misère des gens comme nous... Oublie ça pour parler des bonnes choses.
- Pourquoi, Mà, pourquoi ? lui avais-je demandé.
- Parce qu'ils ne comprendraient pas qu'on reste en acceptant... tout ça ! Elle avait hésité avant d'ajouter : ... Et aussi parce qu'ils penseraient qu'on a quitté le pays pour être plus heureux... et qu'on a échoué. (p.122)