Interview de l'auteur Marie Geffray au sujet de son roman "De retour"
Elle devenait réellement l'héritière du Temple , comme elle était déjà , avec ses frères , gardienne du lieu .Elle pressa la main de Gaétan et se tourna vers les autres , RADIEUSE
Comme je vous l'ai dit , l'ordre des Templiers a bien été fondé par la Fraternité .
Des héros, j'en ai vu quelques uns ici - trop peu. Ils sont tous morts. Les vrais héros ne sont pas revenus des camps. Ils ont osé tenir tête au kapo et ont été battus à mort. Ils ont tenté de s'enfuir et sont restés accrochés aux barbelés, fauchés par des balles cinglantes. ils ont bravé l'ordre d'un SS et ont été pendus devant leurs camarades rassemblés pour regarder l'exécution. Ils ont porté secours à un ami ( ou à un inconnu) et sont tombés avec lui dans la même fondrière, dont ils ne sont pas parvenus à ressortir. Ils ont veillé les malades et ont succombé à leur tour au typhus.
Nous les survivants, nous ne sommes des héros que par défaut. Nous avons ployé l'échine et courbé le front. Nous avons placé notre instinct de survie par dessus tout : notre seule victoire, c'est de vivre encore. Tout au long de notre existence, notre conservation nous apparaitra comme une faille. Je suis là parce que je n'ai pas résisté. Je me suis contenté d'acquiescer et d'obéir à l'innommable. C'est à ce prix que mon corps s'est maintenu. J'aurais peut-être dû me rendre, moi aussi - aller au devant de la mort.
En fait, la Fraternité obéit, encore maintenant, aux Trois Principes édictés par le sage : le don, la recherche, la confiance ; et ces Trois Principes sont englobés dans une même volonté, qui repose sur l'Amour envers autrui.
Jamais je n'aurais su distinguer aussi bien qu'eux , l'entrée du Temple dans cette montagne si semblable aux autres , sauvage et nue , d'un si misérable aspect.
Il m'a donné un biscuit.Je l'ai pris, avidement - oh, comme je me maudis de l'avoir saisi ainsi, avec cette frénésie ! Je voulais redevenir un homme, et je n'ai rien su faire d'autre que me comporter comme une bête. p.9
Soudain tout changea. Contre toute attente, les armées ennemies envahirent les Pays-Bas et la Belgique. Les états cédèrent sous leur poussée, sans avoir seulement le temps de proférer le moindre gémissement : Les Français se réveillèrent un matin en prenant conscience qu'un chêne, qu'ils croyaient fort et puissant, avait été abattu par l'ouragan nocturne...Mais la tempête ne cessa pas. Le vent passa les frontières, déferla par le Nord. Les Allemands étaient entrés en France.P45
La Libération est passée. Depuis cinq ans, je ne vis que pour elle : son avènement me rend aussi démuni qu'un nourrisson, la candeur en moins. p.7
Elle jaillissait d'un énorme bloc de rocher , appuyé contre la paroi de mellerite qui refermait le temple sur lui-même .
Me voici. Je reviens au pays natal.
Je ne suis pas un héros. Je suis le signe gênant d'une vérité qui dérange.P185