« Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous. »
Paul Éluard
Les règles, les normes, ça rassure les angoissés des apparences, des qu'en dira-t-on. Il ne faut surtout pas déraper, dépasser. Cela procure un sentiment d'appartenance à la société.
Dans mon cas, on ne peut faire entrer un rond dans dans un carré. Je n'étais pas là pour rentrer dans des cases, mais pour faire bouger les choses.
Entends-tu le chant de ceux qui t'appellent ?
Entends-tu le cœur de ceux qui se rappellent ?
Un pont entre deux rives
Des mots lancés comme des missives
De ceux qui ne peuvent s'oublier
Tu es celle qui le permet
Un pont entre deux cœurs
Le messager de ces âmes sœurs
J'aurais aimé qu'elle soit immortelle. Qu'elle soit toujours là dans cette maison, prête à m'acueillir avec un gâteau au chocolat et de l'amour. L'amour suffit à tout , disait-elle. Ce que ma tête sait, mon cœur veut l'ignorer.
Je me rappelai toutes les fois où nous nous sommes retrouvés ici. Elle assise à la table juste à côté de moi, dans ce fauteuil. Je me revis lui demander sur quoi elle écrivait et de quoi parlait sa nouvelle histoire. Ma mère était écrivaine. Écrire était son souffle, son oxygène, son énergie vitale.
Je suis de celles qui sont émues devant le regard d'un enfant et d'un geste tendre.
Je suis de celles qui peuvent passer leurs journées entières à réfléchir.
Je suis de celles qui s'emballent devant un rayon de livres.
Je suis de celles qui croient en la magie, aux surprises de la vie, aux miracles, aux dons.
Je suis de celles qui pensent que tout à une raison d'être, que les choses n'arrivent pas par hasard...
..
_ Oui ! Ici, nous sommes à Lostmind. Les gens atterrissent ici lorsqu'ils ont vécu un traumatisme et n'arrivent pas le dépasser.
_ Lostmind, répétai-je.
_ Exactement ! La petite fille , son chat est mort. L'homme âgé, sa femme a divorcé. L'homme du couple est rongé par l'inquiétude à cause de son passé et son manque de sécurité, du coup il embarque avec lui sa compagne dans ses angoisses permanentes.
_ Le lendemain de sa mort, il a neigé. Une journée si belle et si triste. Je ne savais pas comment je pourrais vivre sans elle. C'était mon tout. Ma meilleure amie. Ma mère. Mon tyran. Ma sentence. Elle soufflait le chaud et le froid. Elle faisait le bien comme le mal, même si elle était plus douée pour le mal. D'ailleurs, longtemps après son décès, mon père m'avait avoué qu'elle lui avait dit qu'elle ne savait pas faire la différence entre le mal et le bien et elle lui avait demandé son aide. Malheureusement, il n'était pas la personne qui aurait pu l'aider, ne sachant pas lui-même différencier le bien du mal.
« Ne rien prévoir sinon l'imprévisible.
Ne rien attendre sinon l'inattendu. »
Christian Bobin
Les amis avec un grand "A" restent présents malgré tes choix, la distance, les transformations. Ils savent entendre ce que ton cœur a à dire. Le reste, ce ne sont pas des amis mais des gens de passage.
_ Tu pourras le voir, mais tu ne pourras plus jamais lui parler et il ne pourra pas te voir, me dit droit dans les yeux la sorcière de la forêt.
Quelle drôle d'idée pour faire renaître son amour pour moi ! me dis-je en mon for intérieur.
_ Je sais ce qui te traverse l'esprit. Sache que j'entends tes pensées. Je sais aussi que tu avais une autre idée quant à mon apparence. Tu t'attendais à une vieille dame avec de longs cheveux gris, un nez assez imposant et crochu, mais les sorcières ne se démarquent pas par le physique. J'ai entendu ton cœur, ton appel et je suis venue à toi. J'ai compris tes souffrances et cet amour perdu. J'ai le remède qu'il te faut. Mais attention, le seul moyen de rompre ce pacte est que tu te découvres telle que tu es et non telle que tu crois être. C'est à ce moment-là que l'amour renaîtra. Sinon, tu le perdras pour toujours et tu seras invisible de lui à jamais.
(Incipit)