J'ai détruit certains de mes rêves, d'autres se sont détruits d'eux-mêmes, ne pouvant survivre à la réalité.
J'ai refoulé mes peurs, mes envies, mes besoins, j'ai dérangé du monde pour peu de chose et déplacé beaucoup d'air pour rien. J'ai pleuré des larmes qui n'existent déjà plus mais qui contenaient pourtant tout de moi-même.
J'ai vidé mon corps de ses impulsions mon coeur de ses élans, mon être de la chaleur et du minimum nécessaire de tendresse humaine.
Je n'existe plus. La place est libre pour un successeur. Quelqu'un de courageux, de moins intransigeant, quelqu'un qui aura ses deux poumons pour respirer et non une plaque de marbre froid en guise de cage thoracique.
Mon Dieu, pardonnez-moi. Je n'ai pas su aimer, ni la vie, ni les gens, uniquement ma propre personne et jusqu'à l'écoeurement.
Le livre de Marie-Jo
"L'existence"... : un rêve ! Un rêve pour plus tard, un rêve que concrétiserait la femme que j'allais devenir, ce "quelqu'un" que je façonnerais nuit et jour avec acharnement. Un rêve inaccessible à la petite fille d'aujourd'hui qui risquait de l'entacher par ses maladresses et sa brusquerie.
Le livre de Marie-Jo
Paris, 22 ans
le 3 mars 1975
C'est ça la vie, le soleil sur la peau nue, un regard d'un passant que l'on croise, l'odeur d'une ville qui s'éveille, deux corps qui se mélangent sans fausse pudeur...