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Citation de MegGomar


Les recluses ne sont pas les seules femmes à avoir tenté de vivre en
dehors de la vie conjugale et/ou familiale et ne sont pas non plus les seules
à avoir exercé un pouvoir – certes, fragile – sur la cité. L’une des options
qui ont été offertes aux femmes qui souhaitaient échapper aux affres du
mariage et de l’enfantement, a été de se soumettre à l’autorité divine. De
donner sa vie à Dieu en entrant au couvent. Un choix qui, même lorsqu’il
était volontaire et non pas subi, ne mettait pas à l’abri de toutes les
violences, notamment sexuelles, mais qui permettait au moins à ces femmes
de s’extraire de leur destinée par la religion et l’abstinence. Ce fut le cas
notamment dans les religions hindouiste, bouddhiste et jaïne, ainsi que dans
le christianisme qui se distingue du judaïsme et de l’islam en prônant, à
partir de saint Augustin, la chasteté comme moyen d’élévation spirituelle.
La révolution chrétienne permet aux femmes d’accéder à cette chasteté,
mais surtout à celles qui sont issues de l’aristocratie romaine. Comme le
raconte l’historienne canadienne Elizabeth Abbot dans son Histoire
universelle de la chasteté et du célibat, ces femmes qui se donnaient à Dieu
avaient en contrepartie le droit d’étudier, d’enseigner et d’entretenir des
correspondances avec des hommes3. Avant que l’abstinence ne devienne, à
partir du XVIIIe siècle, une punition (sous les assauts conjoints de la
médecine et de la religion), elle représente pour les femmes un moyen
d’émancipation.
Parmi ces femmes, certaines ont même réussi à échapper, au moins pour
un temps, à l’autorité du Père (qui reste, comme son nom l’indique, une
autorité patriarcale). Ce sont les béguines. Elles s’étaient organisées en
communautés religieuses mais laïques et leurs vœux n’étaient pas
perpétuels. Elles gardaient donc leur indépendance par rapport à l’Église et
étaient libres de partir – ce qui n’était pas le cas des moniales ou même des
vestales qui devaient trente ans de chasteté à la Rome antique en échange de
leurs privilèges. Mais les béguines, elles, s’organisaient simplement en
communautés non mixtes et mettaient leur temps à la disposition des
pauvres et des malades. C’étaient des célibataires qui souhaitaient échapper
au mariage et à la maternité, ou des veuves. Ces communautés se sont
formées au XIIe siècle, surtout en Belgique et dans le nord de la France. Les
béguinages se développent avant de subir un gros retour de bâton de la part
de l’Inquisition qui supportait mal ces femmes ne dépendant d’aucune
autorité. Les juges les soupçonnent, les persécutent quand ils ne les
exécutent pas. Les béguines sont finalement interdites par le concile de
Vienne (1311-1312) avant, pour certaines, de rejoindre le giron de l’Église
et d’accepter de suivre les règles qui régissent une paroisse. Cela suffit à
provoquer leur extinction (même si on en trouve encore aujourd’hui une
trace dans les béguinages solidaires ou certaines maisons de retraite
indépendantes)
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