Citations de Marie-Laure Sébire (21)
"Nous voici donc dans le modeste pavillon de banlieue d'une retraitée de la fonction publique dont le blog a mis le feu aux poudres dans certains foyers. Elle désire, dit-elle, rompre le silence et pour cela elle prône la révolte, les cris et le vol plané de plats cuisinés. Cela nous amène donc à lui demander quelle est la signification, le message subliminal des lasagnes bolognaises lancées à la tête des maris. Le boeuf bourguignon aurait-il le même effet ?"
L'amour partagé n'est pas toujours une garantie de bonheur et tout le monde ne peut comme nous, se marier par amour. Je dirais même que, en Angleterre et dans notre bonne société, c'est assez rare.
Elle envoie un message à son propre époux pour lui dire que tout va bien et elle part le coeur léger dans sa petite auto, sans bien savoir où. Son téléphone est toujours éteint et elle se moque éperdument des réflexions certainement désagréables que ne manquent pas de faire mari et enfants. Elle ne leur appartient pas...elle ne leur appartient plus.
"Tu as toute une vie devant toi ma chérie et crois moi, tu trouveras le bonheur, devant tant de beauté du dois y croire."
Et c'est également très difficile quand on vit dans une société où les préjugés font trop souvent office de raison.
Pemberley est triste. Malgré le soleil, le lac ne brille pas, les bois sont sombres et guettent le bruit de tes pas et la maison se sent orpheline. Personne ne court dans les couloirs, ce qui bien entendu est fort inconvenant, personne ne rit aux éclats, personne ne rentre sans frapper dans la bibliothèque pour y rechercher quelques romans et le pianoforte n’aime pas du tout le répertoire de Caroline. Ma soeur me manque, bien sûr, mais sans toi, je ne suis personne.
- Je te remercie de tes explications, c'est tout ce que je voulais savoir. Je suis désolée d'avoir perdu une sœur mais je pense m'en remettre rapidement. Au revoir.
- Je suis très heureux que tu aimes ma sœur ma chérie, mais j'aimerais te voir refréner l'ardeur, avec laquelle tu as décidé de détester celle de Charles. Caroline est plus sotte que méchante. Je la trouve parfaitement anodine. Elle est célibataire, n'a plus vingt ans et les sœurs Bennet lui ont fait l'affront d'être objets de l'amour de leur frère et d'un bon parti de leurs relations. Avoue que pour toute femme, cela peut être difficile à accepter !
Elle ne possédait pas Pemberley, c’est Pemberley qui la possédait, qui n’avait besoin ni d’un maître ni d’une maîtresse. Longtemps après leur mort, quand ses enfants et petits enfants ne seraient que des souvenirs, la maison se dresserait toujours, dans toute sa beauté, dominant vallons et collines, lac et ruisseaux et les problèmes de ses habitants étaient insignifiants. Eux ne faisaient que passer et la demeure les tolérait, les protégeait en grande dame qu’elle était, belle et impassible.
"Ma chérie, c'est la deuxième fois depuis que je te connais que j'assiste à tes larmes et tout comme la première fois, ceux qui les provoquent ne les méritent pas. Tu sais que pour toi je suis capable y compris de m'humilier et je ne veux en aucun cas par là faire reluire des mérites passés mais en ce qui concerne la situation actuelle de ta sœur, toi comme moi sommes impuissants.
Le talent littéraire n'est pas sans danger car il confère à l'auteur un charme indéniable auquel son auditeur risque de succomber.
- [...] quand on ne peut changer le monde, on modifie son attitude envers lui.
Le cœur est comme l'oiseau Phénix, il brûle, il meurt puis il renaît de ses cendres, plus fort de ses cicatrices.
Je supportais de moins en moins bien l'hypocrisie de ces réunions où aucun mot n'est vrai, où des personnes qui se détestent cordialement se font de grands compliments, où rire d'un bon rire cordial ne se fait pas et où une femme n'est censée n'avoir d'opinions que celles de son mari.
Tous devaient se souvenir leur vie durant de ces étés de joies familiales et quand la vie les séparerait, il en garderaient dans leur cœur la lumière et la chaleur.
En fait quand les femmes s’y mettent elles sont très fortes. Vous savez nous sommes des battantes mais les hommes se rendent pas compte. C’est nous le sexe fort.
Bien évidemment, dans la cité les conflits sont légion et la police n’aime pas trop s’y aventurer. C’est normal pense-t-elle, les hommes ne sont pas faits pour vivre dans les tours, loin de la terre nourricière. La plupart sont déjà déracinés, comment voulez-vous que de nouvelles racines puissent les unir à cette nouvelle terre qui n’est que béton et solitude?
Elle a préparé avec enthousiasme le concours du ministère, elle a choisi ce mari qu’elle a aimé, elle a même choisi d’avoir trois enfants et elle a eu, comme elle le désirait, deux garçons et une fille… Que s’est-il donc passé? Pourquoi ne se contente-elle pas de la vie qui fut sans doute celle de ses parents et de ses grands-parents? Est-ce elle qui ne tourne pas rond ou la vie a changé et cette époque qui parle sans arrêt de communication est-elle au contraire celle du silence, d’un silence tonitruant, mais silence quand même?
Le blog est entré en hibernation et il semblerait que personne ne le regrette, qu'il n'a laissé aucune trace, aussi vite oublié que ces batailles qui font la "une" et dont les victimes n'intéressent bientôt plus personne.
Des larmes lui montent aux yeux et elle regrette soudain de ne pas avoir eu le courage, l'autre jour, de sauter du haut de la falaise.