ce livre n'est pas une justification, encore moins une vengeance. son auteur souhaite que les témoins silencieux de ces drames comprennent qu'on se taisant, ils se font complices.
J'avais l'impression que ce n'était plus moi qui étais là. Une ombre avait prit mon âme, ma forme et ma voix, et elle me remplaçait pour porter à ma place cette douleur inconcevable.
– Ma tante, mes fils sont morts…
je voulais qu'elle croit que j'étais déjà au courant et qu'elle me dise la vérité. D'un ton dolent, elle me
répondit :
– ben oui, ma fille !
ses yeux n'avaient plus d'âme et me regardaient d'une façon qui, franchement, faisait peur. J'en avais des frissons. Je pouvais y voir ma propre mort. Je ne pouvais pas comprendre comment j'avais pu passer autant d'années aux côtés de ce misérable.
Elle me dit d'une voix saccadée :
– je sais que tu es malheureuse ; je sais tout ce qu'il te fait subir. Ma chérie, il n'y a pas de mensonge pour
le cœur d'une mère. De là ou je serai, je te protégerai…
Nos parents nous ont certainement couvés. Ils ont freiné nos désirs de nous envoler du nid familial, et cela a sans doute eu un effet négatif sur notre processus de maturation et sur le développement de notre autonomie. Mais, même avec un certain recul, je ne peux évaluer les coûts ou les bénéfices de cette dépendance.