Sa vue me torture. J'ai l'impression de cesser d'exister devant elle. J'aimerais disparaître dans un trou mais en même temps elle me fascine. Je voudrais comprendre pourquoi mon amie ne veut plus de moi. Je ne crois pas avoir fait quelque chose de mal ! Ce qui a changé en elle, ou en moi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Cette question me hante et me rend folle. Elle seule pouvait y répondre et ne l'a pas voulu. L'amitié peut elle vraiment se dissiper comme la fumée dans le ciel ?
Timide, elle n'aime pas l'inconnu, mais rêve pourtant de grandes aventures. D'un caractère enjoué et d'une grande sensibilité elle ressent très fort les émotions de son entourage tout comme les siennes. Vulnérable, elle éprouve un grand besoin de sécurité. Dans un climat propice, elle déploie pleinement ses richesses intérieures. Elle entraîne les autres et laisse libre cours à son imagination fertile. En terrain inconnu, elle reste muette mais ne perdant pas une miette de ce qui se dit. Dynamique, freinée par sa timidité, volontaire, créative, telle est Lucile à I'aube de ses quinze ans.
Ses mains fines précisent nettement le rythme à suivre. Elle a beaucoup de présence. Sa joie de vivre est si forte qu'elle en est presque palpable. L'aisance de son mouvement fascine toujours la compagnie. Ce n'est pas facile de se lancer après un tel exemple, mais Emmanuelle ose la relayer. A son tour, Ségolène enseigne un nouveau ban. L'auditoire s'amuse de ses pitreries. Légèrement en retrait, les bras entourant ses jambes repliées, Lucile se force à participer aux jeux. Découragée, elle n'aspire qu'à rentrer chez elle, fermer la porte de sa chambre et laisser éclater son désespoir.
Elle penche son visage lisse vers sa partition avec un bonheur qui se devine au sourire effleurant ses lèvres pâles. Dans ses yeux noirs et fins s’allume une lumière bleutée. La passion s'empare de tout son être quand elle saisit son violon. Christine aime la regarder à ce moment-là car elle dégage une impression de plénitude saisissante. Sa queue de cheval châtain suit l’inclinaison de la tête, le reste du corps vivant les sons qui s’échappent de l'archet.
Ses grands yeux, à la fois gris et marron lui donnent une douceur chaleureuse. Elle charme avec sa grâce et sa joie de vivre tous ceux qui l'approchent. Viviane essaye toujours de consoler les petits et grands malheurs des uns et des autres, qu'ils le veuillent ou non. Ce goût pour la compassion lui a déjà attiré quelques déboires mais aussi beau coup de joies, de reconnaissance et d'amis. Les guides l'aiment beaucoup.
Bonne-Maman ! Il n'existe pas de meilleur nom pour cette femme. C'est une vraie bonne grand-mère, telle que tout le monde en rêve. Son cœur est pour tous ses proches un merveilleux refuge d'amour et de paix. Elle est tendresse, accueil et compassion. Elle reçoit chacun sans jamais le juger mais simplement en l'aimant et en l'acceptant comme il est. Avec elle, on se sent écouté, consolé, accompagné.
Malgré son apparence d'homme, il a gardé un petit air enfantin qui lui donne beaucoup de charme. Sa voix n'est pas encore très sûre II a l'air d'hésiter entre l'enfant et l'adulte, de façon attendrissante. Il taquine beaucoup sa sœur mais ne lui cache pas son affection. II est fier de commencer sa nouvelle vie d'étudiant.
Mme Mony écoute, approuve, interrompt, corrige. Son regard bleu foncé est très expressif. Elle n'a parfois nul besoin de parole, ses élèves la comprennent sur un simple regard. Quelques fous rires à peine étouffés entrecoupent les répliques.
La gaieté des autres est un supplice. Pourtant elle s'efforce de ne rien laisser paraître. Elle craint de susciter des questions. Personne ne peut comprendre, pense-t-elle, les raisons secrètes qui la font douter d'elle-même.
« Ce serait dans la vie une fâcheuse chose
Si pour les sots discours où l’on peut être mis,
Il fallait renoncer à ses meilleurs amis. »
Le Tartuffe, Molière.