Tout le monde le sait, le sent : on manque d'oxygène, de santé, de paix, on manque de liens vrais, de justice et de joies.
C'est presque devenu notre condition naturelle, la caractéristique d'environnements à peu près partout intoxiqués ; notre condition politique aussi, traversée de violences et de mépris ; notre condition sociale (nos conditions sociales si différentes plutôt) dans un temps de sauvagerie du capital et de brutalités publiques ; notre condition psychique même : l'essoufflement qui découle de nos « si violentes fatigues», la tête dans le guidon, et de ce que cela coûte de s'ajuster à un monde en surchauffe. Un monde où les crises se succèdent, roulent en avalanche sans laisser le temps de reprendre haleine et d'ouvrir franchement la fenêtre aux poumons.