La poésie didactique et morale rentrant à beaucoup d'égards dans le genre narratif, il n'est pas surprenant que l'auteur du Boèce ait employé cette même forme ; mais l'emploi de cette forme et l'existence même de l'ouvrage dont nous parlons attestent à cette époque, dans le midi de la France, et aussi, par induction, dans les provinces du nord, un assez riche développement de la littérature vulgaire. L'auteur du poème sur Boèce était certainement un ecclésiastique qui, continuant la tradition notée par nous ci -dessus chez les membres du clergé des Gaules , fit usage de la popularité de la poésie romane dans une intention pieuse, pour instruire et pour édifier les fidèles qui ne pouvaient point lire les ouvrages latins.
La poésie d'un peuple est en rapport intime avec l'état et la nature de sa civilisation.
Quand Blanche eut par degrés et comme insensiblement remis le pouvoir à son fils, qu'elle avait formé à l'exercer, elle demeura, par la nature même des choses, sans usurpation ni affectation, son conseil principal et presque son associée au trône. Il n'y a point d'exagération à dire que Louis IX ne faisait rien sans elle. Ce fut malgré elle qu'il partit pour la croisade, mais en lui confiant la régence du royaume avec les pouvoirs les plus étendus. Elle l'exerça jusqu'à sa mort, en sentant le poids d'un tel fardeau, mais sans fléchir sous lui. « Jusqu'à la fin de sa vie, elle resta, dit son historien, ce qu'elle avait toujours été, une femme active, énergique, une reine sévère et juste, qui voulait tout faire par elle-même, et n'entendait rien négliger lorsqu'il s'agissait de maintenir les droits et la majesté de la couronne. »
Jeanne d'Arc, sous l'inspiration divine, résume en elle d'une façon merveilleuse et porte jusqu'aux hauteurs de l'ordre surnaturel le patriotisme français de la fin du moyen âge. Elle a consacré sa vie et sa mort au salut de la nation française et de la dynastie représentant cette nation , dont Jeanne avait reçu de Dieu mission de maintenir l'indépendance, et de rétablir la place entre les peuples chrétiens. Il n'est donc pas inutile , pour se rendre un compte exact de cette mission de l'héroïque vierge, de porter ses regards, d'une façon un peu attentive, sur le tableau des origines et le spectacle des vicissitudes de cette nation et de cette dynastie, que Jeanne d'Arc a tant aimées, auxquelles elle a donné son sang.
Comme l'éducation de saint Louis, son mariage fut l'oeuvre de Blanche de Castille. Il avait dix-neuf ans, quand, en 1633, sa mère s'occupa de lui trouver une femme. Son choix se fixa sur la princesse Marguerite, fille aînée de Raimond-Bérenger, comte de Provence. La politique sans doute eut sa grande part dans ce choix, et cela était inévitable. Mais Blanche n'avait pas négligé de s'informer des qualités personnelles de la jeune fille, belle, pieuse et parfaitement élevée par son père. La négociation ne fut point pénible. Raimond-Bérenger s'empressa d'accepter l'offre qui lui était faite.
Rien de plus triste que l'installation de la famille royale aux Tuileries dans la soirée du 6 octobre 1789, que la nuit qu'elle y dut passer et que son réveil du lendemain. Accoutumée, pour ainsi dire, héréditairement, au train régulier et somptueux du palais de Versailles, et à cette « mécanique » de l'étiquette, comme dit Saint-Simon, si bien montée par Louis XIY, elle se trouvait brusquement dérangée dans toute sa vie habituelle et traditionnelle.