Marjorie M. Liu

Il m'attrapa de nouveau, mais cette fois, par une touffe de cheveux. Ce ne fut pas douloureux, mais sa manière d'agir et l'intensité de son regard me choquèrent tant que je m'immobilisai.
- Je t'aime, dit-il, en me tirant contre lui si fort que je pouvais peine respirer. Tu es une femme facile à aimer, Maxine, mais auprès de qui il est difficile de vivre. A cause de cela. Parce que le monde te blesse et que je ne peux l'empêcher. Parce que je sais... Je sais que nous n'avons pas cinquante ans devant nous. Peut-être même pas vingt, ou dix, ou un.
Grant se pencha en avant, et je me sentis aspirée par la souffrance contenue dans son regard ; un miroir de la mienne, que je n'avais jamais énoncée, dont je n'avais jamais osé parler à voix haute.
- Tu vas me quitter, chuchota-t-il, par choix ou parce que ta mort nous séparera. Et peut-être... Peut-être laissera-tu quelqu'un derrière toi. Quelqu'un que nous aurons fait ensemble. Mais cela ne te ramènera pas, et tu ne sais pas... tu ne comprends pas...
Je posai ma main sur sa bouche avant qu'il puisse ajouter un mot. Je comprenais. Je savais. J'avais moi aussi aussi été celle qui reste, abandonnée.